Elèverons-nous toujours
des animaux domestiques en 20010 ?
En Allemagne, de nombreuses races de chiens, des chats et d'oiseaux sont menacées d'interdiction d'élevage par les tenants de l'écologie extrême. Devant la gravité de la situation, la France réagit en créant la fédération ProNAturA France.
Lorsque Jean Glavany, au dernier jour de son mandat de ministre de l'Agriculture, a déclaré la ratification par la France de la Convention du Conseil de l'Europe pour la protection des animaux de compagnie, nous aurions tous dû, éleveurs, amoureux des bêtes et de la nature, avoir matière à nous réjouir en voyant les animaux domestiques, objets de tous nos soins et de toutes nos attentions, enfin reconnus et protégés. Nous aurions dû, car un élément important est venu perturber cet enthousiasme sous la forme d'une phrase tellement pleine de bon sens que personne ne songerait à y redire : " Toute personne qui sélectionne un animal de compagnie pour la reproduction doit être tenue de prendre en compte les caractéristiques anatomiques, physiologiques et comportementales qui sont de nature à compromettre la santé et le bien-être de la progéniture ou de la femelle. " Article 5 de Convention du Conseil de l'Europe pour la protection des animaux de compagnie.
Soit, quel est l'éleveur qui pourrait être opposé cet article, tant son travail de sélectionneur est jalonné par la constante recherche d'un animal beau et bon ? Un champion, c'est bien, mais un champion joyeux et en bonne santé, c'est mieux. C'est même la condition sine qua non pour parvenir au sommet. Quel éleveur accepterait les multiples contraintes et sacrifices qu'élever suppose pour, in fine, voir ses jeunes dépérir, et au delà du côté affectif, voir ses efforts engloutis avec la perte de ses produits ? L' apparition de lignées fragiles ou porteuses de tares plus ou moins invalidantes est le plus cuisant constat d' échec et le plus implacable ennemi de l'éleveur. L'article 5 de la Convention va donc dans le droit fil de la sélection méticuleuse pratiquée par des milliers de sélectionneurs passionnés par leurs races.
Quand le vert vire au noir
Dans le même temps, des nouvelles plus qu'alarmantes nous parvenaient d'Outre Rhin. Là-bas une frange de l'écologie dite extrême ou profonde tente d'édicter sa loi et ses règles. Qu'on ne se méprenne pas, l'écologie profonde n'a rien à voir avec l'écologie de bon sens qui invite l'homme à respecter son environnement sous peine de courir à sa perte. Les éleveurs d'animaux domestiques, très proches de la nature, sont d'ailleurs plus sensibles aux questions écologiques que la moyenne de la population, ne serait-ce qu'à cause de la proximité de leurs animaux qui leur rappelle les règles élémentaires de la vie. Non, l'écologie profonde est une idéologie qui, en mettant toutes les espèces animales et végétales sur un pied d'égalité, ne laisse plus de place à l'humanisme et à ses valeurs de liberté et de culture. Le paradoxe n'effrayant pas les extrémistes, une de leurs premières cibles sont justement ceux dont ils affirment défendre les droits, c'est-à-dire les animaux eux-mêmes et plus particulièrement ceux qui vivent le plus près de l'homme, les animaux domestiques. Sous prétexte de les protéger, les fondamentalistes sont près à interdire l'élevage, purement et simplement, de très nombreuses races faisant de la moindre particularité morphologique un défaut génétique. Sachez par exemple qu'il ne va plus être autorisé d'élever des oiseaux qui ont une huppe, des plumes frisées ou des pattes emplumées. Que les lapins nains doivent disparaître ainsi que les chats Scottish Fold ou Munchkin. Que les Persans avec leur poil long sont des handicapés et que les teckels à courtes pattes sont des animaux torturés. Car c'est le mot qui est employé pour désigner tout animal qui pour une raison ou pour une autre s'éloigne du type sauvage, sous prétexte que dans la nature, il ne survivrait pas, telles ces belles races de moutons sans cornes que l'on ne devrait plus élever car elles ne peuvent se défendre des loups ! En vérité, c'est bien l'action de l'homme sur l'animal qui est combattue même si cette action est à bénéfice réciproque.
Pour résumer en reprenant les propres termes des écologistes fondamentalistes, l'élevage de sélection, c'est de l'inceste et nos animaux sont des tarés ! Les éleveurs sont les vrais protecteurs des animaux et de la nature.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le discours des écologistes extrêmes tient davantage de l'anthropomorphisme que de la vraie connaissance des animaux et de leurs modes de vie. Et quand au même moment, à La Haye, on travaille à l'indispensable protection des forêts primaires au nom de la biodiversité, condamner une race à disparaître parce qu'elle a des plumes aux pattes ou un poil frisé est carrément rétrograde.
Le problème, c'est que si les verts allemands arrivent à imposer leur réglementation sur les " races torturées " à la majorité des Lands, comme ils ont déjà réussi à le faire dans le Hesse, cette décision risque de faire jurisprudence dans le reste de l'Europe, France en tête puisqu'elle a ratifié la Convention du Conseil de l'Europe. Or, les éleveurs ne peuvent plus longtemps tolérer que seules s'élèvent les voix de ces pseudos protecteurs des animaux. Pas plus que ne l'acceptent non plus de nombreux scientifiques, historiens et philosophes. C'est une grande part de la biodiversité animale qui est en jeu, ainsi que la place de l'homme dans le monde.
C'est pourquoi, devant l'urgence de situation, et fait sans précédent, de nombreuses fédérations d'éleveurs de toutes espèces d'animaux domestiques ont décidé de s'unir pour résister aux théories radicales distillées dans l'opinion publique par l'écologie radicale et la menace qu'elles représentent pour la survie des espèces animales et végétales. Dans ce but a été créée la Fédération Française des Associations pour une Protection Non Anthropomorphiste de la Nature et des Animaux (ProNAturA France).
ProNAturA France pourquoi faire ?
La fédération ProNAturA France a pour objectifs :
  • - de fonder une protection animale et végétale sur des bases non anthropomorphistes
  • - de lutter contre l'idée que les animaux et les plantes sont sujets de droits et promouvoir l'idée qu'ils sont objets de devoirs pour l'Homme ;
  • - de définir et de préciser l'ensemble de ces devoirs sur des bases scientifiques et rationnelles, de promouvoir un bien-être animal sur de telles bases ;
  • - de combattre les poncifs et représentations "philosophiques" véhiculés par l'écologie extrême et les organisations de " Libération animale " ;
  • - d'encourager toute recherche scientifique pouvant bénéficier à l'Homme, aux animaux et aux plantes.
  • - d'appuyer toute production de qualité destinée à l'alimentation humaine ou animale et ainsi permettre de maintenir les traditions culinaires qui fondent la renommée internationale de la France ;
  • - d'améliorer, de propager, de diffuser entre tous ses membres les techniques et les connaissances dans le domaine de l'élevage et de la culture des animaux et des plantes domestiques et non domestiques, afin de mener à bien les objectifs suivants ;
  • - d'assurer la sauvegarde des espèces animales rares ou en voie de disparition, en particulier en participant à des programmes nationaux et internationaux d'élevage ;
  • - de protéger la biodiversité ;
  • - d'encourager la découverte et l'élevage des animaux et végétaux domestiques ou sauvages, et ainsi de favoriser une connaissance approfondie de la Nature, visant à un plus grand respect de celle-ci ;
  • - de promouvoir l'élevage des animaux de races françaises et étrangères ;
  • - de faire connaître à l'opinion publique et aux pouvoirs publics au moyen de films, publications, articles, reportages, réunions de travail, réunions périodiques, conférences, organisations d'expositions et de manifestations les objectifs de l'association et l'utilité sociale de ce violon d'Ingres ou de cette activité.
    La Fédération se compose elle-même de trois associations qui représentent 3 sections :
    A) Une section dénommée Conseil National des Éleveurs, Amateurs et Protecteurs des Espèces (CNEAPE) regroupe les associations représentant les citoyens non professionnels, éleveurs, cultivateurs et protecteurs. Le terme amateur signifie ici qui ne tire pas ses revenus principaux de l'élevage de ses animaux.
    B) Une section dénommée Association Représentative des Professionnels de l'Elevage et de la Sauvegarde des Espèces regroupe les professionnels et les parcs zoologiques.
    C) Une section dénommée Haut Conseil Scientifique regroupe les associations représentant les scientifiques et leurs groupements.
    Chacune des sections est indépendante l'une de l'autre.
    Une adhésion massive de toutes les associations, livres d'origines, clubs de races de toutes les espèces domestiques, ainsi que de toutes les personnes, éleveurs ou non qui se sentent concernées est indispensable pour infléchir favorablement l'avenir des animaux domestiques et de leur élevage.



    Page d'accueil