ProNaturA-France
LA RACE OVINE
SOLOGNOTE
HISTORIQUE
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Le passage de NAPOLEON III à la ferme du Coudray, BRINON sur SAULDRE, le 22 avril 1852 (extrait) par le peintre
Raymond-Noël ESBRAT. Musée des beaux arts d'ORLEANS |
Au XVème siècle, l'élevage du mouton en Sologne était important : à cette époque de fin de la Guerre de cent ans, les moutons faisaient
alors partie de la fortune des paysans. Les troupeaux pâturaient dans les bruyères, complémentés l'hiver en fourrages et feuillards.
La Renaissance et 1'installatîon de la Cour en Val de Loire favorisa La prospérité du commerce des laines, et donc de l'élevage ovin.
Les guerres de religion sonnèrent le glas de cette prospérité, mais l'élevage ovin, plus facile à pratiquer et plus rentabLe que la
céréaliculture, resta l'activité principale de la Sologne.
Vers 1850, l'effectif ovin de la Sologne est estimé à 300 000 têtes. Dans une région dominée par les grandes propriétés, le mouton était alors quasiment
l'unique ressource de revenu des paysans solognots. Seule la race Solognote pouvait résister aux conditions sévères du milieu
(humidité, végétation très pauvre). L'élevage était très extensif, sans enclos.
Les draperies de Romorantin, fournisseurs de l'Armée, assuraient un débouché important pour les laines. Les agneaux étaient vendus pour être
engraissés dans des
contrées plus riches : Val de Loîre, Beauce, Gatinaîs.
La mise en valeur de la So1ogne avec le marnage grâce au canal de
la Sauldre, la création de
nombreuses routes, le
réaménagement du réseau de
drainage à ciel ouvert, et le
reboisement, provoquent une régression importante de l'élevage ovin, qui ne peut plus exploiter les immenses parcours nécessaires à sa nourriture.
La population ovine chute ainsi à 50 000 têtes en 1910.
L'exode rural consécutif à la Première guerre mondiale, puis dans les années 1930, le début de la prééminence de la chasse comme activité économique
rentable, devait
provoquer la quasi-disparition des
moutons en Sologne. D'après
d'Espinay St Luc en 1912,
"l'ennemi le plus acharné du mouton, c'est le chasseur, ou mieux le tireur moderne".
Ce n'est qu'à partir de 1940 que nous voyons un renouveau des moutons solognots, avec une adaptation à de nouveltes techniques d'élevage utilisant
le pacage : soit pacage l'été et bergerie hiver, soit plein air intégral, en enclos, avec complémentation de foin l'hiver.
EXTENSION
Le berceau de la race est la Sologne.
Vers 1850, à son apogée, la race Solognote occupait une étendue de pays bien plus considérable que la Sologne. Les éleveurs du Val de Loire,
de la Beauce et du Gatinais gardaient des animaux venant de Sologne, pour les engraisser ou les faire se reproduire. De plus, des races de
moutons aujourd'hui disparues, tel le mouton "Trunier" ou "Brunoi" de Basse-Normandie décrit par Charitat en 1931 ou le mouton "Gâtinais" décrit par
Magne en 1857, ressemblent fort au mouton Solognot.
Les exportations de Solognote à cette époque étaient sans doute liées à l'idée d'un noyau de rusticité que pouvait représenter la Sologne.
Aujourd'hui la Solognote est présente en Sologne, mais aussi dans toute la région Centre et les départements limitrophes.
Nous en retrouvons aussi dans les Landes de Gascogne, les Landes de Bretagne, en Bourgogne et dans le Daupliné. Des animaux sont
exportés dans l'Europe du Nord (Pays-Bas, Allemagne) et au Maghreb.
STANDARD
Des le XIIIème siècle, nous trouvons trace de moutons bigarrés, marrons et blancs. Vers 1770, on note des témoignages de moutons roux et blancs, sans cornes.
Dès 1800, la préférence des éleveurs va aux moutons roux, et nous assistons à une absorption (ou une élimination) des moutons blancs ou bigarrés par
les moutons roux.
Sur le tableau d'ESBRAT, datant de 1852, les moutons sont uniformément roux. Au Comice agricole de Vierzon de 1853, les moutons Solognots
sont roux, preuve de pureté et de rusticité.
La couleur rousse rendrait-elle pîns rustique 7 En fait, c'est la couleur qui garantit le mieux contre l'introduction de sang étranger,
soit de Mérinos pour améliorer la laine, soit de races anglaises pour améliorer le format.
Aujourd'hui, la race Solognote répond au standard suivant : la taille est de 0,60 à 0,70 cm, la tête est fine et découverte, châtain uniforme,
sans cornes, la face est étroite et longue, le chanfrein est très légèrement bombé, les oreilles sont moyennes et horizontales, l'encolure est bien
fondue avec les épaules, la selle est droite et longue, le gigot est assez développé, les pattes sont nues et châtain uniforme, la queue est non coupée
et couverte de laine. La toison, qui va de la base des oreiles à quelques centimètres en dessous du jarret, ne couvre jamais la tête et ne
revêt complètement ni la gorge, ni le ventre, la laine a une finesse moyenne et une couleur bise, la masse moyen des toisons est de 1,5 kg pour les femelles,
de 2,5 kg pour les béliers. La masse à l'âge adulte pour les brebis est de 55 à 65 kg, pour les béliers de 80 à 90 kg.
La Solognote a un tempérament
intelligent, vif, curieux,
indépendant, plus proche du caractère des chèvres que des autres moutons. Sa démarche est très fière.
SAUVEGARDE ET SELECTION
Le Syndicat ovin solognot fut fondé en 1934 par 3 éleveurs, MM. Beaucamps, Pinguet et Soyez. Le Flock-book solognot fut créé on 1942, et ce n'est
qu'en 1948 que ces
2 organismes fusionnèrent.
C'est en 1968 que la race a été mise en réserve génétique. Un programme de gestion génétique a ainsi été mis au point.
A partir de 1976, un plan d'accouplement a été mis en place. La population est divisée en 40 familles, regroupées sur un cercle fictif.
Au groupe mâle dune famille donnée est attribué un groupe femelle dune famille différente. Les produits nés restent dans la famille de leur mére.
Ce plan d'accouplement a pour but de gérer et de limiter l'évolution du taux de consanguinité, inévitable dans les petites populations.
En 1995, environ 1000 brebis participent à ce plan d'accouplement, sur une population totale de près de 2000 individus.
Pour soutenir cette gestion génétique, un centre d'élevage de jeunes béliers a été créé on 1979. Il élève chaque année environ 40 jeunes mâles choisis
parmi les meilleurs de chaque famille.
APTITUDES
La Solognote est une race très rustique, tant par sa tolérance aux maladies, que par sa capacité de tirer parti d'une végétation pauvre et ligneuse.
La Solognote résiste bien aux parasites internes (strongles, douves), et deux traitements par an sont en général suffisants quand il y a infestation.
En situation extensive, et en parcours, les risques sont pratiquement inexistants. Les agneaux ne sont presque jamais vermifugés avant leur abattage.
La Solognote résiste bien au piétin, mals en sa présence elle est trés douillette. En l'absence de piétin, elle est pratiquement la seule race française à
pouvoir pâturer les pieds dans l'eau.
La Solognote est une trés bonne marcheuse. Elle se distingue par son aptitude à valoriser les pâturages pauvres, les sous-bois ligneux, et par son
exceptionnelle faculté à
supporter des variations brusques de régime alimentaire, régime dit en accordéon.
La Solognote a une bonne précocité sexuelle : les agnelles sont matures
à 8 mois.
L'aptitude au
désaisonnement est important, un pourcentage important de brebis ayant des ovulations dès Avril.
Enfin, le bélier Solognot est très ardent, et sa libido ne connaît pas de pause durant toute l'année.
La facilité d'agnelage est l'un des grands avantages de la Solognote, les éleveurs de Solognote dorment la nuit en période d'agnelage.
La prolificité moyenne en plein air intégral est de 1,5 - 1, 6, elle peut monter à 1,8 en conditions d'élevage intensives (nourriture riche).
Les Solognotes sont de bonnes mères et ont une bonne valeur laitière. Elles protègent bien leurs agneaux contre les agressions.
La longévité de la Solognote est remarquable, les brebis agnelant à 8, 9 voire 10 ans sont fréquentes, et les éleveurs citent des cas de brebis agnelant
et allaitant à 13 ans.

UTILISATIONS
Outre La production d'agneaux de boucherie et de laine, la race Solognote est apte à bien d'autres usages.
Son aptitude au défrichage est et sera de plus en plus utilisée pour l'entretien de propriétés et de réserves naturelles, qu'il s'agisse
de marais ou de pelouses sèches. Son goût prononcé pour les ligneux empêche la fermeture du milieu par la strate arbustive.
Par ailleurs, des particuliers voulant élever sans problèmes quelques brebis sur un petit pacage, ou une propilété résidentielle, choisiront
cette race rustique peu exigeante en soins, et très attachante par son caractère et son esthétique.
VALEUR BOUCHERE
De tout temps, la qualité gustative de la viande de Solognot a été vantée : c'est une viande délicieuse, au goût très fin plus proche du goût d'un
jeune chevreuil que du goût des autres moutons.
La conformation de l'agneau solognot se distingue beaucoup de l'ensemble des autres races élevées dans la région un gigot plus long que rond
pour la même masse, une faible proportion de gras et de déchets dans la carcasse.
Les éleveurs de Solognote développent une marque "Agneau de Race Solognote qui permet aux bouchers l'identification et la promotion de cette
production de qualité.
LAINE
La laine de Solognote a une magnifique teinte bise, unique et inimitable. Quelques éleveurs reprenant la longue tradition lainière de la
Sologne ont relancé cette transformatîon, avec une vente soit en pelotes, soit sous forme de diverses confections (pulls, chemises, capes, etc.)
MANIFESTATIONS ET PROMOTION DE LA RACE
La race Solognote est présente au Salon de l'agriculture à Paris, à la fête du Mouton à Pontlevoy (41), ainsi que dans les Comices agricoles
du berceau de race.
De plus, elle est présentée au public à la ferme pédagogique de Saint-Maurice. à Lamotte-Beuvron (41).
Pout tous renseignements, contacter :
Flock-Book solognot (Association loi 1901)
149 rue de Bercy, 75595 Paris cedex 12
Tél : 01 40 04 49 57, fax : 01 40 04 51 61