Les articles ci-dessous sont extraits de la revue du Club Technique des Colombidés, Cailles et Colins (www.ct3c.fr.st) et de la revue de l'UOF.

RENCONTRE AVEC UN AMATEUR ÉCLAIRÉ

Texte Thierry Girod

Lors de notre premier contact (au téléphone) j'avais suggéré à notre nouvel adhérent Raymond Bouquet, éleveur amateur de Galliformes depuis des années, d'écrire des articles sur les espèces qu'il élève et qu'on voit rarement en exposition. Il m'a proposé de venir nous rendre visite sur le stand du CT3C pendant le Championnat Régional du Sud-Est (Région 13) à Palavas-Les-Flots le 23 novembre 2003. A son arrivée, je pensais préparer avec lui un article sur chacune des nombreuses espèces qu'il élève ou a élevé. Mais son érudition, son expérience, son enthousiasme et sa verve sont tels que les heures ont passé, et qu'au moment de nous séparer nous en étions encore aux généralités ! " Pour faire de l'élevage amateur, il faut aimer les animaux pour eux-mêmes sans chercher le profit " énonce en préambule Raymond Bouquet. Le ton est donné. Je croyais mener une " interview ", je me retrouve comme un étudiant prenant des notes face à un professeur passionné et passionnant ! En voici le résultat : Raymond Bouquet : " J'élève ou ai élevé toutes sortes de Galliformes, et d'autres espèces d'oiseaux. Certaines espèces ayant en France le statut de gibier, j'ai demandé, et obtenu, de l'administration, l'agrément nécessaire. Cela n'est pas indispensable pour détenir ces espèces, mais comme j'ai le statut d'éleveur de gibier je peux transporter mes oiseaux, par exemple pour participer à quelques expositions*. J'utilise les bagues délivrées par une fédération d'" aviculture ", mais également d'autres provenant d'une association d'éleveurs d'oiseaux de parc et de (grande) volière, grâce à qui je peux identifier mes produits avec mon numéro de souche. Voici quelques conseils que j'espère utiles, ils sont le fruit de mon expérience :

AVANT L'ACQUISITION DES OISEAUX, une documentation bibliographique s'impose, pour bien connaître la biologie des espèces qu'on souhaite élever. Parfois on peut être amené à modifier ses projets, si l'on s'aperçoit qu'on n'est pas en mesure d'offrir à l'espèce considérée les conditions de vie dont elle a besoin. Il faut se renseigner sur l'aire de répartition naturelle de l'espèce, le pays, la région, le type de climat, l'altitude, la nature du sol et de la végétation, bref le biotope. Il faut prendre en compte les conditions de climat de la région dans laquelle on habite, pour connaître les contraintes éventuelles qu'elles peuvent imposer aux oiseaux (température, humidité,…). Il faut connaître l'alimentation de l'oiseau dans la nature, ses besoins, mais aussi rechercher des informations sur sa reproduction et ses moeurs (solitaire ou grégaire, monogame ou polygame, durée de l'incubation, etc....). Si possible connaître les compatibilités entre espèces est très utile. D'un point de vue vétérinaire, connaître les principales maladies parasitaires et leur prévention permettra d'éviter les problèmes ultérieurs.

CHEZ L'ÉLEVEUR
Lorsqu'on a arrêté son choix, on se met à la recherche d'un éleveur disposant de jeunes sujets. Je préconise de toujours se rendre chez l'éleveur, pour constater le mode de vie des animaux qu'on veut acquérir. Cela permet déjà de prendre conscience des différences régionales et climatiques que les oiseaux devront supporter, et auxquelles il faudra les aider à s'adapter. Et puis il faut bien connaître les méthodes de l'éleveur. Que donne-t-il à manger à ses oiseaux ? Quels aliments (naturels et artificiels), quand et pourquoi ? Où les loge-t-il ? Comment les amène-t-il à se reproduire ? etc.
Pour ma part, je me procure toujours auprès de l'éleveur 25 à 30 Kg d'aliment qu'il utilise, et conserve précieusement la fiche technique. En effet s'il n'est pas toujours possible de se procurer le même aliment (en particulier lorsque les animaux proviennent de l'étranger), on peut au moins chercher la composition la plus proche. Tout ceci a pour but de réduire au maximum les différents changements que les oiseaux devront subir.

L'ARRIVÉE À LA MAISON est une source importante de stress pour les oiseaux qui ont déjà dû supporter le voyage. En effet le transport leur cause un stress (perturbation du rythme quotidien, peur, changements brusques de température, secousses, diminution de l'abreuvement et de l'alimentation,...). Et à l'arrivée le stress est encore là : peur de l'environnement inconnu, difficulté à trouver les mangeoires et abreuvoirs, réflexes de fuite retardant la recherche de l'eau et de la nourriture… Bref, l'organisme souffre. Et le stress entraîne automatiquement un affaiblissement des défenses immunitaires. Les microbes et les parasites, que l'oiseau portait en lui mais que son immunité parvenait à contenir, risquent de prendre le dessus. Très souvent les amateurs perdent leurs oiseaux dans les jours suivant l'introduction dans leur élevage. Ils croient que les oiseaux étaient déjà malades. Je pense plutôt que c'est un problème d'acclimatation : c'est le stress qui les a affaiblis, et ensuite n'importe quelle maladie, profitant de l'occasion, a causé leur mort. Pour ma part je traite systématiquement les oiseaux que je soumets à un déplacement, même sur une courte distance. Avant le départ, je donne à mes oiseaux un anti-coccidien. J'utilise APPERTEX*, qui a l'avantage d'être en comprimés : ainsi je fais avaler le médicament à l'oiseau, cela permet un traitement individuel, et au moins je suis sûr que le sujet visé a bien reçu son médicament. Et puis je donne à mes oiseaux un mélange de vitamines, d'acides aminés et d'oligo-éléments. J'utilise DUPHAMIX* SD, qui est indiqué chez les volailles lors de situation critique et en particulier de stress. Lors d'un déplacement avec exposition, je traite quatre jours avant, durant toute l'exposition, et cinq jours après le retour, pour les espèces les plus fragiles et sauvages. Par ce moyen, je pense que je réduis considérablement les pertes pendant l'acclimatation des oiseaux.
Comme je l'ai déjà exposé je fais en sorte que les changements subis par les animaux soient les plus progressifs possibles. Voici comment je procède avec la nourriture :
- je conserve l'aliment d'origine pendant 3 à 4 semaines
- puis je donne ¼ de mon aliment mélangé à ¾ de l'aliment d'origine pendant 15 jours
- puis 50% de mon aliment mélangé à 50% de l'aliment d'origine pendant 15 jours
- puis ¾ de mon aliment mélangé à ¼ de l'aliment d'origine pendant 15 jours
- enfin je passe définitivement à mon aliment.

MES CONDITIONS D'ÉLEVAGE
Comme j'habite le sud de la France, je peux facilement élever en plein air. Les oiseaux sont plus beaux, de plus la vie à l'air libre réduit les risques de maladie respiratoire. Je les garde dans de grandes volières sur terre battue, plantées d'arbustes et couvertes de grillage à petites mailles (11 mm) pour éviter la visite des Moineaux gourmands et porteurs de maladies. Les volières contiennent deux sortes d'abris : le premier abri avec sol béton pour déposer les abreuvoirs et mangeoires afin que la nourriture qui tombe ne soit pas souillé par la terre, le second pour se mettre à l'abri et se percher (voir photo).
Mon grand plaisir est de les apprivoiser, et de faire cohabiter plusieurs espèces. Réussir cette cohabitation en volière est tout un art, qui requiert de bien étudier les caractères des espèces concernées. Attention, ne pas se fier à la taille, certains oiseaux de petite taille se révèlent dangereux même pour des plus gros. Il est plus facile de parvenir à les faire cohabiter lorsque les sujets ont grandi ensemble. Comme j'élève le plus souvent en incubateur artificiel (bien que certaines de mes femelles couvent très bien), je peux habituer les oiseaux à vivre ensemble dès leur naissance si je le désire. Pour faire coexister pacifiquement des adultes d'espèces différentes qui ne se connaissent pas, il faut attendre l'automne (à l'arrêt de la reproduction, l'agressivité diminue en même temps que la pulsion sexuelle), et placer les deux couples (voire les deux trios) en même temps dans une volière qu'ils ne connaissent pas (terrain " neutre "). Pour ma part je mets toujours des trios pour éviter qu'en cas de mortalité d'une femelle le mâle ne se trouve seul et ne devienne agressif, comme je l'ai souvent observé. (S'il s'agit d'une espèce monogame, si les deux femelles vivent j'en enlève une plus tard lorsque j'ai la certitude que tout le monde va bien. Mais il faut toujours enlever la seconde femelle avant la saison de reproduction, sinon ce sont les deux femelles qui risquent de se battre !) Et je leur donne le traitement anti-stress déjà cité (anti-parasitaire + vitamines + acides aminés + oligo-éléments), une semaine avant pour les préparer au regroupement, et deux jours après, ensuite une semaine sur deux pendant un mois. (A ce propos attention au VITAVIL AMINÉ* : c'est un mélange de vitamines et d'acides aminés, c'est un bon produit qu'on peut utiliser, mais pas dans ce contexte car je trouve qu'il excite les oiseaux, j'ai peur qu'il réveille leur agressivité). En général je parviens à les faire cohabiter, mais il faut toujours bien surveiller. Actuellement j'ai un couple de Tragopans de Temminck (Tragopan temmincki) qui vit avec un couple de Perdrix Choukar (Alectoris chukar) et un trio de Perdrix rouges (Alectoris rufa). J'ai déjà fait vivre ensemble des Tétraogalles de l'Himalaya (Tetraogallus himalayensis) avec des Perdrix Choukar. Et puis il y a les irréductibles, ainsi je n'ai jamais réussi à faire cohabiter un couple de Faisans vénérés (Syrmaticus reevesi) avec une autre espèce : ces oiseaux sont des tueurs que je garde isolés. J'ai eu aussi des déboires avec la Colombine longup (Ocyphaps lophotes), elle attaquait les Faisans, j'ai dû les séparer ! Au passage je signale que je retrouve cette différence d'agressivité selon les espèces lors de la formation des couples : un mâle de Perdrix Choukar (Alectoris chukar) est capable d'agresser toutes les femelles qu'on lui présente (au risque de les tuer si on ne les retire pas à temps) avant d'en accepter une, alors que les mâles de Perdrix Philby (Alectoris philbyi) ne me posent pas de problèmes et acceptent en général la femelle que je leur présente. Il s'agit d'un oiseau très sociable que j'associe quelquefois à des jeunes d'autres espèces (du même âge) qui éprouvent des difficultés à se nourrir. On observe de telles différences pour tous les oiseaux.
J'essaie également d'habituer mes oiseaux à ma présence et à celle de mes deux chiens Boxers. Ainsi j'ai un mâle de Tétraogalle de l'Himalaya (Tetraogallus himalayensis) parfaitement apprivoisé (voir photo). Beaucoup de mes oiseaux viennent à ma rencontre quand je pénètre dans leur volière, car ils sont habitués à recevoir des friandises, et du coup ils acceptent le contact. Et je les habitue à rencontrer des enfants, ce qui est pour ces derniers une expérience inoubliable. Quant à mes chiens, ils sont prêts à tuer n'importe quel animal étranger, mais respectent mes oiseaux. Pour qu'ils fassent connaissance et acceptent les nouveaux venus, je place ces derniers dans une cage à même le sol dans mon jardin, et reste un long moment à côté de ladite cage avec mes chiens en leur parlant. Ensuite je laisse ce petit monde seul pour le reste de la journée, en surveillant de temps en temps. Après quoi je lâche les oiseaux en volière, et il n'y a plus de problème. J'ai eu un Tragopan en 1985 qui se perchait sur mon Pointer ou se faufilait entre ses pattes sans que le chien ne réagisse !
Je nourris mes oiseaux avec des granulés STARGIB pour gibier, " entretien " ou " reproduction " selon les saisons, auxquels j'ajoute des aliments frais en fonction de leurs besoins spécifiques.
J'attache une grande importance à la propreté et aux traitements anti-parasitaires, raison pour laquelle, à chaque entrée de volière, j'ai suspendu une paire de sabots de jardin, qui n'est utilisée que pour cette dernière et désinfectée fréquemment.
Mes oiseaux, occasionnellement, sont transportés dans ma camionnette, que je désinfecte avec PROPHYL* 75 en même temps que le casier de transport à chaque départ et retour.
En ce qui concerne mes œufs et couveuses, je les désinfecte en même temps au FUMI*.
Le sol en terre battue nécessite un entretien soigneux, car il y a un risque sérieux de contamination des oiseaux. C'est également pour cette raison que je ne fais jamais visiter mon élevage.
Mes volières ont toutes une partie cimentée couverte pour l'hygiène de la nourriture et de la boisson.
Dans ma région nous avons de longues périodes de sécheresse, durant lesquelles le sol devient très dur. Cela nécessite des précautions particulières, en particulier d'arroser abondamment pour une bonne pénétration des produits. Voici comment je procède :
Toutes mes volières ont une communication avec une " volière libre " destinée à recevoir les oiseaux des volières en cours de désinfection. A chaque changement d'occupants provisoires, je désinfecte la " volière libre " à l'eau de javel.
Pour les volières en tant que telles :
- la veille j'arrose le sol avec de l'eau.
- j'enlève la couche superficielle de sable et de fientes
- je griffe profondément le sol, pour permettre une bonne pénétration du produit
- j'arrose avec le désinfectant deux à trois fois en 24 heures.
- je veille à ne pas laisser se former de flaque de produit en piquetant le sol pour un écoulement plus rapide
- j'égalise
- j'étale une nouvelle couche de sable, que j'arrose également d'eau de javel.
Environ deux fois par an, aux périodes les plus propices au développement des maladies (humidité, chaleur), je retire les oiseaux et je traite avec PROPHYL*75, qui est un désinfectant (contre bactéries, virus et champignons). Il faut diluer 50 ml de produit dans 10 l d'eau, et répandre (la dose théorique est de 0,250 l par m2). Avec ce produit, il faut attendre au moins 48 heures avant de remettre les animaux.
Environ trois mois après ce traitement, je recommence en utilisant des produits utilisables en présence des oiseaux : soit une solution de sulfate de fer, soit l'eau de javel (environ un berlingot d'eau de javel pour 20 litres d'eau).
Mes volières sont couvertes de grillage, donc elles reçoivent les pluies, qui peuvent être violentes en Languedoc. De plus le type de sol que nous avons dans la région risque de favoriser la formation de flaques après les fortes pluies. J'ai donc imaginé un système de drainage : dans chaque volière, j'ai creusé deux tranchées, en diagonale, d'environ 30 à 40 cm de largeur et 50 cm de profondeur. L'eau en excès s'y accumule. Et comme je les ai remplies de gravier, la surface est à peu près sèche. Lorsque je traite le terrain par arrosage, j'insiste beaucoup sur ces tranchées pour que le désinfectant y pénètre bien jusqu'au fond.
Je traite préventivement tous mes oiseaux contre les vers, la coccidiose et la trichomonose. Je traite contre la coccidiose tous les trimestres en changeant de produit à chaque fois. Parmi les médicaments utilisables, je peux conseiller COCCILYSE* contre la coccidiose, et TRICHOLYSE* contre la trichomonose, les deux s'utilisent dans l'eau de boisson. Si malgré tout j'ai un oiseau malade, j'isole le sujet malade pour le traiter avec des cachets et déplace momentanément les autres sujets présumés contaminés dans une volière conçue à cet effet. Il s'agit d'une grande volière très aérée construite sur une dalle de béton ce qui permet de nettoyer et désinfecter quotidiennement avec un maximum d'efficacité. Je traite tous les autres sujets de la volière (qui sont présumés contaminés) dans l'eau de boisson. Sachant qu'un oiseau malade risque de manger et de boire moins, je lui administre de préférence des médicaments en comprimés que je lui fais avaler (exemple : APPERTEX*), ainsi je suis sûr de la dose qu'il reçoit.
Actuellement je suis en train de réduire la taille de mon élevage, pour raison de santé. Mais j'ai encore des projets. Ainsi je vais essayer de faire cohabiter deux couples de Tétraogalles de l'Himalaya avec mes Tragopans de Temminck et mes Perdrix. "
Merci à Raymond Bouquet pour ce témoignage, voici une somme d'informations importantes, dont les éleveurs sauront tirer profit. J'espère que nos prochaines rencontres produiront d'autres articles aussi précieux.

Cet article est extrait, avec autorisation, de la revue du club technique colombes, cailles et colins, qui publie régulièrement des informations de qualité dans la revue de l'Union ornithologique française
* La nouvelle réglementation semble avoir modifié la situation : lire à ce propos le numéro de novembre 2004 des " Oiseaux du Monde " (note du CT3C). Rubrique CT3C


Expériences d'éleveur

Texte Raymond Bouquet

Je suis un éleveur amateur de Galliformes et autres oiseaux. Je pratique mon hobby dans le sud de la France, depuis avril 1978.
Je détiens et élève toutes sortes d'oiseaux depuis si longtemps que je pourrais écrire un livre rien qu'avec des anecdotes, dont la plupart sont basées sur la cohabitation et le contact avec l'homme. Dans le but d'être utile aux plus jeunes, voici quelques histoires qui me sont arrivées. Je trouverais dommage que toute cette expérience se perde.
Des couveuses assidues
Nous autres, éleveurs d'oiseaux nidifuges, nous avons la chance de pouvoir élever artificiellement.
Cela permet de standardiser les conditions d'élevage (température, hygrométrie, alimentation,…), nous pouvons regrouper les naissances, et d'autres part les femelles délivrés du souci de la couvaison pondent davantage. C'est très bien, mais n'allez pas croire que nos oiseaux soient incapables de se reproduire naturellement. Les instincts sont là, et ne demandent qu'à s'exprimer dès lors que les animaux disposent d'assez de place et d'endroits discrets pour y cacher leurs œufs. Mieux même, étant souvent apprivoisés ils sont plus confiants et s'occupent mieux de leur nichée. Ainsi en ce moment j'ai une femelle de Perdrix Chukar (Alectoris chukar) tellement apprivoisée qu'elle couve aussi assidûment qu'une Poule ! Et je peux l'utiliser comme mère adoptive pour d'autres oiseaux. Il m'arrive de lui confier des nouveau-nés sortis d'un incubateur artificiel, elle les adopte sans problème. Ainsi en 2004 elle a élevé un jeune Tragopan de Temminck (Tragopan temmincki) avec ses 5 petits. Voici un autre souvenir amusant : En 1979, lorsqu'on ne parlait pas encore d'espèces protégées, j'avais des Faisans de Swinhoe (Lophura swinhoii)*. Et un jour une femelle avait décidé de couver. Mais elle avait choisi le même emplacement qu'une femelle de Perdrix rouge (Alectoris rufa). Le différend aurait pu se régler par la violence, mais les deux couveuses décidèrent de s'ignorer. Elles se poussaient bien un peu, mais dans l'ensemble leur cohabitation restait pacifique. Evidemment la Poule faisane était avantagée par sa taille, mais la Perdrix ne s'en laissait pas conter. Théoriquement chacune couvait ses propres œufs. Lorsque l'une des deux s'absentait pour une courte période, l'autre bien sûr s'installait en maîtresse sur le nid : cela allait de soi pour la faisane, mais la pauvre Perdrix était incapable de recouvrir toute la ponte !!! On la voit sur la photo faisant de son mieux… Dans tous les cas leur entêtement permit à chacune de mener à bien sa nichée : après l'éclosion des poussins (trois de Perdrix rouge et quatre de Faisan de Swinhoe), j'ai séparé les deux familles.

L'histoire de Moïse
Un jour, en 1982, je trouvai un œuf pondu un peu tard dans une de mes volières. La saison de reproduction était terminée, et je ne voulais pas rallumer un incubateur artificiel pour un seul œuf. A cette époque j'avais un couple de Pigeons domestiques de race, très bons reproducteurs, en couvaison. Alors je plaçai l'œuf dans leur nid. Ces oiseaux, très apprivoisés, à qui j'avais donné l'habitude de prendre et remettre leurs œufs dans le nid, ne parurent pas s'offusquer de devoir soudain couver trois œufs au lieu de deux, ni de la différence de taille ou de couleur. Mais à l'éclosion du poussin, ils ne savaient plus quoi en faire ! Le nouveau-né était un Faisan doré (Chrysolophus pictus), donc il était couvert de duvet bouffant, il voyait, marchait, picorait et gazouillait. Mes Pigeons ne connaissaient que leurs propres jeunes, qui étaient presque nus, aveugles, sans force, et silencieux, les premiers jours. (Voir photos). Ils ne pouvaient plus s'occuper du rescapé (que ma femme et moi avions appelé Moïse). J'ai donc tenté de le confier à une poule naine, espèce mieux adaptée à ce type de bébé nidifuge. La brave Poule a bien voulu de Moïse et lui a servi de maman le temps qu'il a fallu. Bien entendu, Moïse, élevé en " enfant unique ", était parfaitement apprivoisé. En devenant adulte, il s'est révélé être un mâle. Comme on le voit sur les photos, il était de couleur " isabelle ". Fort de son statut de " chouchou ", rien ne lui faisait peur, et il imposait son autorité à tous les autres mâles de Phasianidés de la volière. Mais les évènements m'ont contraint à détenir moins d'oiseaux, et j'ai donné Moïse à un ami. Quatre ans plus tard, cet ami, obligé de s'absenter, me confie la garde de Moïse pour quelques temps. A peine arrivé, Moïse reprenait ses habitudes chez nous comme s'il était parti seulement la veille, et il se remit aussitôt à imposer son autorité à ses colocataires ! N'importe quel autre oiseau se serait montré dépaysé au moins quelques jours, mais lui n'avait rien oublié, et a repris instantanément son ancienne place. Cela prouve bien que les oiseaux aussi sont capables de mémoire, même les espèces les moins réputées comme un " simple " Faisan. Du coup, le voyant tellement " chez lui ", j'ai obtenu de mon ami, qui manquait de place dans ses volières, l'autorisation de garder Moïse. Il est mort chez moi, longtemps après, à l'âge de 13 ans.

Des Tragopans apprivoisés
J'aime que mes oiseaux soient en confiance, alors dans la mesure du possible je les apprivoise. La gourmandise naturelle des Phasianidés m'aide beaucoup. C'est ainsi que j'ai habitué mon couple de Tragopans de Temminck (Tragopan temmincki) à recevoir des friandises lorsque je pénètre dans leur volière. Je leur offre des fruits, principalement de la pomme. Lorsque j'ai commencé ils étaient encore jeunes, et en plumage juvénile. Aujourd'hui, conditionnés, ils s'avancent vers toute personne qui rentre dans leur volière, recherchant le " cadeau " habituel. Lorsque je reçois des invités, surtout des enfants, je leur propose de nourrir à la main ces oiseaux magnifiques : la première précaution concerne l'ouverture de la porte, car ils n'ont aucune appréhension et s'avancent en confiance : j'ai toujours peur d'en perdre un ! Une autre précaution indispensable est de revêtir un habit adapté, parce que mes oiseaux n'hésitent pas à se percher sur les visiteurs pour mendier, et alors gare aux taches ! On voit sur la photo que Pierre Lopez a pu photographier la femelle de très près, car elle se souciait surtout de savoir si l'appareil photo était comestible, et n'avait aucune peur de lui !
En conclusion j'espère que mes expériences pourront être utiles à d'autres amateurs, je crois que toutes les informations sur les oiseaux de volière sont bonnes à prendre, elles font progresser nos connaissances et nous rendent plus efficaces dans notre hobby.

*Note du CT3C : actuellement le Faisan de Swinhoe (Lophura swinhoii) est classé en Union Européenne en annexe A.




Des cages d'élevage pour les Colins

Texte et photos Raymond Bouquet (propos recueillis par Thierry Girod).

Au cours de ma longue expérience dans l'élevage des oiseaux, j'ai élevé plusieurs espèces de Colins : Colin de Virginie (Colinus virginianus), Colin de Californie (Callipepla californica), Colin écaillé (Callipepla squamata), Colin de Gambel (Callipepla gambelli), Colin des montagnes (Oreortyx pictus)…

Les problèmes
Malgré tous mes efforts, j'avais du mal à les acclimater.
J'ai cherché dans plusieurs livres pour comprendre ce qui n'allait pas chez moi.
Je leur proposais pourtant de grands espaces, bien aérés, une nourriture que je pensais saine… Et puis j'ai découvert que dans leur milieu naturel les Colins sont adaptés aux régions arides. Chez moi le climat est méditerranéen, mais cela signifie aussi qu'à certaines périodes il pleut beaucoup.
Et lorsque le vent souffle du sud, il apporte beaucoup d'humidité de la Méditerranée. Le sol était alors trop humide pour eux, provoquant diverses maladies. Seule exception, le Colin de Virginie, lui, s'élève très bien sur le sol et ne nécessite pas le dispositif que je vais décrire.

La solution

J'ai donc imaginé un dispositif qui permette à mes Colins de vivre loin du sol. Je leur ai conçu des cages posées sur des rondins de bois, et au fond j'ai laissé du grillage pour que les fientes tombent et que leur habitat reste propre. L'armature est en galvanisé, léger, solide et sain (photo 1). J'ai défini deux parties distinctes : une fermée, en bois, permettant aux oiseaux de s'abriter et de se cacher, et contenant mangeoire et abreuvoir, l'autre entièrement grillagée leur offrant le grand air.
Pour la réalisation pratique et la construction j'ai fait appel à un ami disposant d'un poste à souder, c'est lui qu'on entrevoit sur la photo 2.

Les principes

J'ai divisé chaque partie en deux, pour des raisons pratiques : cela fait donc quatre zones dans chaque cage, on les voit sur les photos 3 et 4, pour simplifier je les ai identifiées pas des lettres : A, B, C et D.
- Les compartiments A et B sont dans la partie fermée, séparés par une cloison. Le compartiment A contient la mangeoire et l'abreuvoir. Les Colins ne peuvent pas y entrer, ils restent dans la partie B et se nourrissent et boivent grâce à des trous aménagés dans la cloison (voir photo 4). Il n'y a qu'un couvercle à la partie fermée, aussi j'ai ajouté un deuxième couvercle grillagé, seulement sur la partie B : ainsi lorsque j'ouvrais le premier couvercle, la partie B restait fermée par le grillage, et je pouvais changer l'eau et la nourriture sans risque de fuite pour les Colins (voir photo 3). Je préfère que les aliments et l'eau soient abrités, pour leur meilleure conservation. De plus avec ce procédé les oiseaux ne risquent pas de marcher dedans.
- Les Colins peuvent passer du compartiment B (fermé) à la partie ouverte (compartiments C puis D) par deux ouvertures aménagées dans la paroi de bois qui ferme le compartiment B (voir photos 3 et 4).
- Les compartiments C et D correspondent à la partie entièrement grillagée. Ils ne sont pas séparés, mais j'ai disposé au-dessus de l'ensemble de mes cages un toit qui ne recouvrait que le compartiment C, ce qui permet aux oiseaux, s'ils le désirent, de se tenir à l'air libre à l'abri des intempéries. S'ils se mettent dans la partie C ils sont protégés par le toit, dans la partie D ils reçoivent, selon les cas, le soleil ou la pluie.
- J'ai laissé une petite fente entre les compartiments B et C, on la voit sur la photo 4 : cela me permettait de glisser une planche ou une grille en travers de la cage, pour fermer les trous de communication entre les parties B et C. De la sorte je pouvais enfermer mes Colins d'un côté ou de l'autre, et effectuer mes travaux de nettoyage et d'entretien sans risque de fuite.
J'accolais les cages deux à deux, en plaçant les portes sur les côtés opposés. J'ai aussi fabriqué des cages avec une porte de chaque côté, ainsi je pouvais placer ces cages indifféremment à droite ou à gauche de l'ensemble selon mes besoins. La photo ci-contre montre l'ensemble de l'installation, avec le toit qui ne protège que les compartiments A, B et C, laissant le compartiment D exposé.
A l'origine mon but était de trouver un moyen d'isoler mes Colins du sol. Et peu à peu, à force de perfectionnements, j'en suis arrivé à ce modèle qui me donnait toute satisfaction. Ce système implique que les œufs soient récoltés deux fois par jour et placés en incubateur artificiel car la femelle ne peut pas y faire de nid. Je plaçais un couple ou un trio par cage, parfois plusieurs couples si les oiseaux s'entendaient bien. D'ailleurs les Colins écaillés mâles semblaient apprécier d'avoir plusieurs femelles.

Un peu de théorie

Quel est l'intérêt de l'élevage sur grillage ? C'est d'empêcher le contact entre les oiseaux et leurs fientes. Par définition les fientes des oiseaux tombent n'importe où. Même si les oiseaux ne picorent pas leurs fientes (bien que beaucoup le fassent), ils risquent en picorant le sol ou les perchoirs d'avaler des particules de fientes très petites. Pour la digestion ou la nutrition c'est sans importance, mais le problème c'est que les fientes contiennent souvent des œufs de parasites ou des bactéries. Elles les contiennent parce que l'intestin de l'oiseau les contient. Alors quelle différence s'il en remange ? La différence c'est souvent le nombre. Pendant leur séjour à l'air libre dans les matières fécales de l'oiseau, beaucoup de parasites en profitent pour devenir plus dangereux. Certains en effet ont besoin d'oxygène pour achever leur cycle, et ils contamineront plus facilement par la suite les oiseaux qui les avaleront à leur insu. Certaines coccidies par exemple ont absolument besoin de ce passage à l'extérieur pour pouvoir contaminer à nouveaux d'autres tubes digestifs d'oiseaux. De sorte que le nombre des parasites augmente dans l'intestin de nos oiseaux, au fur et à mesure des recontaminations. Et n'allez pas croire que c'est un problème spécifique aux Colins. Les coccidies sont très répandues chez les oiseaux, et dans de très nombreuses espèces. Le genre le plus connu de coccidies s'appelle Eimeria, il a été plus souvent décrit car il concerne les animaux de ferme. Mais toutes nos espèces d'oiseaux d'agrément sont concernées. Le Canari n'est pas à l'abri de ces parasites : chez lui l'espèce rencontrée le plus souvent s'appelle, selon les auteurs, Atoxoplasma, Lankestarella ou Isospora.
Il existe des médicaments curatifs efficaces, mais la maladie cause des dégâts et fait courir un danger mortel aux oiseaux. Il vaut mieux la prévenir. De plus il est souvent illusoire d'espérer détruire tous les parasites vivant dans le corps des oiseaux, si bien qu'après un traitement les oiseaux n'ont plus de symptômes, mais il reste quelques parasites qui vont peu à peu reconstituer l'effectif. C'est à ce niveau qu'intervient l'immunité de l'oiseau, capable dans de bonnes conditions de retarder et de limiter cette prolifération. C'est pourquoi tous les soins qui visent à améliorer le confort et la santé des animaux (alimentation saine et adaptée, vitamines, activité physique, absence de stress,…) renforcent leur immunité et améliorent leur qualité de vie.
La prévention de cette parasitose consiste à empêcher l'oiseau d'ingérer des matières souillées par des fientes, susceptibles de le contaminer avec de nouveaux parasites. Pour cela il faut empêcher autant que possible le contact entre les oiseaux et les fientes. Voici quelques mesures applicables :
- nettoyer souvent mangeoires et abreuvoirs pour éviter que les fientes ne viennent les souiller et les contaminer éventuellement.
- retirer les fientes chaque jour pour que les parasites n'aient pas le temps de devenir contaminants entre deux nettoyages. Même s'il peut rester des particules trop petites pour être détectées, et même si les nettoyages ne sont jamais assez fréquents, cela réduit toujours l'exposition des oiseaux au risque.
- élever sur un sol sec (ciment, carrelage,…), sans terre ni sable au sol, et protéger la volière de la pluie, pour que la sécheresse relative inhibe la maturation des parasites. Cela ne concerne que certaines espèces de coccidies, et la sècheresse du sol est difficile à assurer par tous les temps, mais là encore cette précaution protègera nos oiseaux, contre ces coccidies mais aussi contre les autres parasites et même les bactéries.
- élever sur grillage ou caillebotis pour que les fientes tombent à travers, ainsi les oiseaux ne se recontaminent pas. Il restera toujours des particules accrochées au grillage, mais la plus grande partie des fientes devient hors d'atteinte des oiseaux. Toutes ces précautions, malgré leurs imperfections, s'avèrent efficaces et réduisent la prolifération des parasites (y compris les vers intestinaux).
Mon système, sur grillage, permet à l'oiseau de ne plus avoir de contact avec ses fientes qui tombent à travers le grillage. La lutte contre les coccidies aide ainsi à prévenir d'autres maladies. Bien entendu, je ne prétends pas avoir trouvé l'arme absolue, ni être l'inventeur de l'élevage sur grillage (dont le principe est bien connu), mais j'ai constaté à l'usage que mon installation me donnait toute satisfaction. Mes Colins se portaient mieux et prospéraient.

Extension

Certains éleveurs de Colins se sont inspirés de mes cages pour leur propre élevage. C'est bien volontiers que je leur faisais profiter de mes expériences. Et c'est aussi dans ce but que j'ai écrit cet article.
Une fois convaincu de la valeur de ce principe, je l'ai appliqué à mes Perdrix. Mais comme elles sont plus lourdes, le petit grillage du fond ne suffisait plus, j'ai dû modifier légèrement le modèle en agrandissant un peu les cages et en faisant vivre les animaux sur un grillage plus gros. Le grillage choisi pour les Colins n'aurait pas supporté leur poids. Attention quand même de ne pas utiliser des mailles de plus de 11 mm, sinon les Moineaux rentrent dans les cages pour piller la nourriture, et au passage propagent des maladies. En fait pour les Perdrix il faut un premier grillage de 11 mm pour permettre aux oiseaux de marcher sans s'abîmer les pattes, et dessous un grillage plus rigide pour la solidité, la taille de la maille étant indifférente.

Pour les amateurs que cela intéresse, j'ai fait un schéma de ma cage-type. Les cotes sont en centimètres. Les cotes entre parenthèses concernent le modèle plus grand, destiné à des Perdrix ou à un groupe de Colins plus important.




Les traitements préventifs

Voici deux propositions de traitements préventifs que j'applique à mon élevage situé dans le sud-est de la France. J'espère que ceci peut être utile à d'autres.
Les différences climatiques des diverses régions étant un facteur de modification de mes traitements.
Tableau numéro 1

 Périodes  Maladies
 Janvier  
 Février (1ère quinzaine)  Vers
 Mars (1ère quinzaine)  Coccidiose *
 Avril (2ème quinzaine)  Trichomonose & coryza *
 Mai  
 Juin (2ème quinzaine)  Vers
 Juillet (2ème quinzaine)  Coccidiose *
 Août (2ème quinzaine)  Trichomonose & coryza *
 Septembre (2ème quinzaine)  Vers
 Octobre  
 Novembre (1ère quinzaine)  Coccidiose *
 Décembre (1ère quinzaine)  Trichomonose & coryza *

Tableau numéro 2
 Périodes  Maladies
 Janvier (1ère quinzaine)  Coccidiose *
 Février (1ère quinzaine)  Trichomonose & coryza *
 Mars (1ère quinzaine)  Vers
 Avril (2ème quinzaine)  Coccidiose *
 Mai  
 Juin (2ème quinzaine)  Vers
 Juillet (1ère quinzaine)  Trichomonose & coryza *
 Août (2ème quinzaine)  Coccidiose *
 Septembre  Vers
 Octobre  Trichomose & coryza *
 Novembre (1ère quinzaine)  Coccidiose *
 Décembre (1ère quinzaine)  Vers

* plus vitamines

Traitements curatifs de la trichomonose, coccidiose et coryza
Lorsqu'une de ces maladies est déclarée dans une volière où se trouvent plusieurs sujets, je traite dans l'eau de boisson et isole les sujets visiblement atteints. CE procedé me permet de soigner individuellement les malades, de façon plus rapide et plus efficace.
J'administre les comprimés et vitamines directement dans le bec.

Raymond BOUQUET


Remarque du vétérinaire : A propos de l'utilisation des antibiotiques, je rappelle qu'une utilisation "au hasard" s'avère souvent inadaptée : il vaut mieux avoir une prescription d'un vétérinaire après examen des oiseaux ; les produits utilisables chez M. Bouquet ne seront pas forcément efficaces chez vous.
De plus, la réglementation française exige cette prescription avant toute délivrance d'antibiotiques.
Enfin, je rappelle que l'administration des médicaments par voie orale est le plus souvent efficace : dans la plupart des cas, il n'est pas nécessaire de faire des injections, l'administration dans l'eau de boisson ou en comprimés est très adaptée à nos petits élevages.

Thierry Girod

Colombidés exotiques et Tétras-Lyre,
une cohabitation harmonieuse

Texte Raymond Bouquet (propos recueillis par Thierry Girod)

 
 Mâle de Tétras-Lyre et mâle de Colombine Turvert : la différence de taille est impressionnante. (Photo & élevage Raymond Bouquet)  
  Abri avec les mangeoires des Tétras (photo & élevage Raymond Bouquet)
Dans un précédent article, j'ai déjà évoqué le plaisir que cela me procure de faire cohabiter dans mes volières des espèces dissemblables. Actuellement j'ai un trio de Tragopans de Temminck (Tragopan temmincki) qui vit avec un mâle de Tétraogalle de l'Himalaya (Tetraogallus himalayensis), un couple de Perdrix Choukar (Alectoris chukar) et un couple de Perdrix rouges (Alectoris rufa). J'ai déjà fait vivre ensemble des Tétraogalles de l'Himalaya avec des Perdrix Choukar.
 
 Abri pour les Tétras avec perchoirs (photo & élevage Raymond Bouquet)  
 L'une des volières de Colombines turvert à l'intérieur de la grande volière des Tétras-lyre : on voit bien l'entrée avec sa planche d'accès. (Photo & élevage Raymond Bouquet).

Et voici encore un exemple : J'aime beaucoup mes Tétras-lyre (Tetrao tetrix), qui sont de splendides oiseaux. J'en détiens quatre dans une grande volière. Mais les Tétraonidés ne cohabitent absolument pas avec les Phasianidés, à cause des risques de contamination. Alors j'ai tenté de les faire vivre avec mes Colombines turvert (Chalcophaps indica). La volière forcément grande des Tétras offrait beaucoup de place, dont il eût été dommage que les Colombes ne profitent pas. Ma grande volière mesure approximativement 7 mètres de long, 4,50 mètres de large et 2,20 mètres de haut. Tout y était prévu pour le confort des Tétras. Le sol est en terre battue, le grillage à mailles de 11 mm évite l'intrusion des moineaux, et des arbustes y ont été plantés. Les Tétras disposent de deux sortes d'abris (voir photos) : l'un pour protéger les mangeoires et abreuvoirs, il est couvert et le sol est en béton pour éviter que les aliments tombés ne soient souillés par la terre ; l'autre leur propose des perchoirs solides et couverts pour les protéger des intempéries. Le drainage est assuré par deux tranchées en diagonale dans la volière, remplies de gravier, capables de recueillir les eaux de pluies (ces dernières sont rares mais violentes dans ma région).

   On voit bien ici l'orifice permettant le passage des Colombes pour entrer et sortir de leur volière (au-dessus de la tête du Tétras-lyre). Le Tétras est nettement trop gros. (Photo & élevage Raymond Bouquet)    La mangeoire des Colombes à l'intérieur d'une cage avec petit orifice d'accès. (Photo & élevage Raymond Bouquet)
Mais comment ces deux oiseaux allaient-ils s'entendre ? En fait ils s'ignorent, ils sont si différents qu'aucune communication ne semble possible entre eux, et les Tétras n'ont aucun comportement de prédateurs vis-à-vis des Colombes. Mieux même, ils prennent garde à ne pas marcher dessus ! Mais leur grande taille en faisait des dangers potentiels pour les œufs des Turvert. Les nids des Colombidés sont si sommaires, qu'en se perchant sur la même branche un Tétras pouvait détruire la ponte sans même s'en rendre compte, du fait de la flexibilité de la branche porteuse du nid, qui projette les œufs à l'extérieur de ce dernier.
Voici comment j'ai résolu ce problème : j'ai construit trois petites volières (environ 1,50 à 2 mètres de côté, et 2 m de hauteur) à l'intérieur de la grande. Ces volières sont entièrement grillagées et couvertes d'un toit. Elles comportent une petite ouverture qui permet aux Colombes d'entrer et de sortir à leur guise. J'ai disposé à l'entrée de chacune des petites volières une planchette horizontale sur laquelle les Colombes se perchent pour franchir l'orifice en marchant et s'envolent à nouveau une fois parvenues de l'autre côté. Les Tétras, beaucoup plus gros, ne peuvent pas y accéder. J'ai donc installé 3 couples de Colombes, chacun dispose d'une de ces volières pour y nicher et y élever ses jeunes. Les jeunes y apprennent à voler. Ils ne peuvent en sortir que lorsqu'ils sont suffisamment agiles, donc capables d'éviter une collision avec les Tétras.
   Tétras-lyre et Colombines Iurvert ensemble dans la volière. (Photo & élevage Raymond Bouquet)    Vue de la volière avec les mangeoires. (Photo & élevage Raymond Bouquet)
Je nourris mes Colombes avec du mélange "tourterelles" et de la pâtée insectivore. Or les Tétras en sont friands. Mais lorsqu'ils ont mangé il ne reste rien pour les Turvert. Je distribue donc la nourriture des Colombes dans une petite cage accrochée contre un mur de la grande volière à environ 1,60 mètre de hauteur et pourvue d'une ouverture assez petite pour empêcher que les Tétras ne leur volent leur alimentation. J'ai disposé le même système de planchette permettant aux Colombes de se percher dessus pour franchir l'orifice en marchant ; les Tétras beaucoup trop gros restent dehors. Lorsque je nourris mes oiseaux je donne aux Tétras les restes des Colombes.
Quant aux prélèvements que les Colombes pourraient éventuellement faire dans la mangeoire des Tétras-lyre, je n'y fais pas attention, avec une telle différence de taille ils sont négligeables ! De toute façon la nourriture des Tétras (granulés pour gibier, mélange Pigeon, tranches de pomme, très peu de salade, branches de bruyère, aiguilles de pin et toutes sortes de baies) ne paraît pas intéresser les Colombes.
   Les trois espèces dans la volière (photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet)    Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet
Ce système respecte les besoins naturel de chacun : les Tétras disposent d'une vaste surface au sol à arpenter, et de quelques perchoirs. Les Colombes utilisent la volière des Tétras pour leurs ébats, tous les oiseaux étant mêlés, mais la nidification se fait dans les petites volières, chaque couple disposant alors de son territoire avec de nombreux perchoirs. La volière des Tétras est en fin de compte un terrain neutre que chaque Colombe doit traverser pour aller se nourrir. Mais ils y séjournent aussi pendant de longs moments. C'est probablement ainsi que les Colombidés organisent leur vie sociale lorsqu'ils vivent à l'état sauvage. Mais j'ai la chance que cette espèce soit peu agressive avec ses congénères : avec d'autres Colombidés plus territoriaux il y aurai probablement une féroce compétition pour la domination de la grande volière. Fin 2004 j'ai ajouté une espèce dans la volière: des Colombes versicolores (Geotrygon versicolor). Ce sont des Colombes de grande taille, qui ont peu à craindre des Tétras. Elles sont très calmes et sont des "colocataires" faciles. Et comme elles passent la plus grande partie de leur temps au sol, elles ne se gênent pas avec les Colombines turvert. Au moment de la rédaction de cet article (début 2005), elles n'ont pas encore cherché à se reproduire. La grande volière qui les abrite leur offre quantité d'emplacements discrets pour y faire leur nid. Et elles peuvent accéder aux petites volières des Colombines turvert. J'espère qu'elles se plairont suffisamment dans cette volière, et qu'elles y nicheront.
   Groupe de Colombines turvert dans la partie commune. (Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet)    Les deux espèces de Colombes n'occupent pas les mêmes étages de la volière. (Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet)

NOTE DU CT3C : l'Arrêté interministériel du 10 août 2004 qui réglemente les élevages d'agrément d'animaux d'espèces non domestiques impose que la détention de Tétraonidés soit soumise à une autorisation d'ouverture d'établissement et que leur éleveur soit titulaire du certificat de capacité. Raymond Bouquet détient ses Tétras conformément à l'article 26 de cet arrêté, avec l'autorisation de la DDSV de son département.


Expériences d'élevage avec la Perdrix Choukar

Texte Raymond Bouquet, propos recueillis par Thierry Girod.

J'élève des Perdrix Choukar depuis environ 11 ans. J'exerce mon hobby dans le sud de la France, les oiseaux vivent à l'extérieur en volière. Le toit des volières est en grillage à petites mailles de 11 mm, j'ai aménagé des abris pour protéger les mangeoires et les nids, et les oiseaux disposent de parties abritées sous lesquelles ils peuvent se réfugier quand ils le souhaitent. Mes Perdrix Choukar ne se perchent pas sur des perchoirs ronds, mais elles montent volontiers sur des supports plans, comme le dessus des abris ou les clapiers en ciment. Dans mes volières mes Perdrix Choukar (Alectoris chukar) cohabitent avec des Perdrix rouges (Alectoris rufa), des Tétraogalles de l'Himalaya (Tetraogallus himalayensis) et des Tragopans de Temminck (Tragopan temmincki).

Alimentation
Je les nourris avec des granulés pour gibier (Stargib*), "entretien" ou "reproduction" selon la période, pendant la période d'élevage j'ajoute de la vitamine E, et toute l'année un mélange de graines pour Pigeons. Ne croyez pas qu'en laissant des graines de Pigeons en permanence mes Perdrix délaissent leurs granulés: en fait les oiseaux se régulent d'eux-mêmes. Pendant la mue je donne un complément alimentaire pour les soutenir pendant cette période critique. J'utilise plusieurs compléments que j'alterne, et j'utilise leurs propriétés : ainsi je donne plutôt un produit qui excite (comme le Vitavil Aminé*) lorsque je souhaite que mes oiseaux soient actifs, et au contraire en cas de besoin je préfère un médicament qui les calme (comme le Duphamix*). Je distribue aussi des friandises: salade, fruits, pâtée insectivores, asticots, vers de farine. Leur régal, c'est le pain sec coupé en tranches.

Traitements préventifs
Je les traite préventivement contre les parasites. J'utilise Ivomec* en application sur la membrane alaire 2 fois par an, contre les parasites externes et les vers ronds. Je vermifuge mes oiseaux et je les traite contre la coccidiose et la trichomonose 3 à 4 fois par an. Je fais suivre ces traitements d'une cure de vitamines, avec Floratonyl*. Mes méthodes d'élevage et mes traitements préventifs ont été décrits dans un précédent article (voir "Les Oiseaux du Monde" avril 2005).

Elevage
Les cohabitants des Perdrix Choukar :
au fond Tétraogalle de l'Himalaya,
à gauche Tragopan de Temminck,
à droite Perdrix rouge.

Photo & élevage Raymond Bouquet.

Très beau mâle
plusieurs fois champion en concours.

Photo & élevage Raymond Bouquet

La formation des couples n'est pas toujours facile dans cette espèce. En effet il arrive que le mâle se montre agressif envers sa femelle, et, de peur qu'il ne la blesse sérieusement, je lui en présente une autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce que, pour une raison inconnue, il en accepte une. Il m'arrive de former des trios (un mâle et deux femelles), mais en général je dois retirer l'une des deux par la suite car elles finissent par se battre. En cas de besoin je place les oiseaux dans des cages d'accouplement, que j'ai fabriquées moi-même, équipées d'une séparation amovible grillagée. Je laisse les oiseaux faire connaissance à travers le grillage, puis je retire la séparation lorsqu'ils se sont habitués l'un à l'autre (voir photo).
Compagnie

photo & élevage Raymond Bouquet.

Abri contenant les mangeoires,
l'abreuvoir et le nid.

Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet.

En près de 11 ans d'élevage, je n'ai eu que 2 femelles vraiment bonnes mères. Il est vrai que ces espèces nidifuges permettent un élevage artificiel. Lorsque le comportement maternel de la femelle est trop aléatoire, on peut se passer d'elle une fois qu'elle a pondu. La saison de reproduction va approximativement de mi-avril à fin juin. En volière, chaque femelle pond un œuf tous les 1 à 3 jours (la fréquence est faible en début et surtout en fin de période). Le temps est un facteur important, surtout lorsqu'il s'agit d'élevage en volière extérieure. En général elles utilisent la coupe en terre cuite remplie de foin que je leur destine, elles n'y ajoutent aucun matériau. Si on ne fait pas confiance à la mère pour mener à bien sa nichée, il faut retirer les œufs au fur et à mesure de la ponte.
De gauche à droite : abreuvoir, mangeoire à grit,
mangeoire à granulés, à droite nid,
devant le nid 2 mangeoires à graines.

Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet.

Cage d'accouplement,
avec séparation grillagée amovible.

Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet

Ceci a un effet prévisible, c'est que la femelle pond beaucoup plus, en effet c'est l'impression d'avoir un nid plein qui fait passer la femelle de la phase de ponte à la phase de couvaison. Comme cet état n'est jamais atteint dans ce cas de figure, la femelle risque de pondre beaucoup plus sans couver. Les œufs doivent être mis en attente quelques jours, pendant lesquels il faut les retourner au moins trois fois par jour. Pour m'éviter ces manipulations fastidieuses, j'utilise une partie de ma couveuse électrique: j'utilise la base, qui ne chauffe pas, et qui tourne automatiquement les œufs chaque demi-heure (voir photo).
Œufs en attente posés
sur la partie non chauffante d'une couveuse :
la machine les retourne régulièrement.

Photo & élevage Raymond Bouquet

Elevage naturel : couveuse.

Photo & élevage Raymond Bouquet

Il ne faut pas laisser les œufs plus de 8-10 jours à la température de 18°C environ avant de faire commencer l'incubation. Celle-ci dure 23 jours en moyenne (maximum 25 jours). J'utilise le Fumi* pour désinfecter en même temps les œufs et l'incubateur.
Elevage naturel :
l'éclosion
(le poussin au fond à droite
est un mutant "pastel").

Photo & élevage Raymond Bouquet.

Femelle avec ses poussins.

Photo & élevage Raymond Bouquet.

En ce moment j'ai une femelle apprivoisée qui est aussi bonne couveuse qu'une Poule domestique. Elle aime bien avoir son nid en hauteur, mais elle accepte mes coupes en terre cuite. Je ne retire pas ses œufs au fur et à mesure de la ponte. Lorsque le nid contient environ 10 œufs, elle se met à couver. Lorsque je la vois "posée" sur le nid, je la laisse 1 à 3 jours. Alors je la transporte (sur son nid) dans un clapier en ciment, dans lequel je l'isole pour qu'elle soit tranquille. Si éventuellement ce transfert la perturbe, elle quitte le nid quelques heures, puis elle y retourne. C'est pourquoi je la déplace à la tombée de la nuit, elle se dépêche alors de retourner au nid. Il ne faut pas déplacer la couveuse après la tombée de la nuit, sinon la femelle risquerait, à cause de l'obscurité, de ne plus retrouver son nid après l'avoir quitté. Lorsqu'elle est bien installée elle ne quitte plus sa couvée. Si je veux lui faire couver d'autres œufs que les siens, je pratique alors l'échange lorsqu'elle est ainsi calmée. Celle-ci élève sans difficultés des poussins d'autres espèces. Il m'est même arrivé de lui confier à l'éclosion des poussins nés en incubateur à la même époque que les siens, et elle a élevé tout ce petit monde sans faire de différence. Je traite toujours la femelle qui couve contre les parasites externes. J'utilise un produit en poudre ou de l'Ivomec*. Sans cette précaution, la femelle immobile et bien chaude risque d'être la proie de nombreux parasites, sans pouvoir se gratter. L'inconfort qu'ils lui causeraient pourrait être si grand qu'elle risquerait d'abandonner son nid. A l'éclosion, les poussins restent dans la coupelle qui est profonde (je les y laisse environ 48 heures, puis je vide les herbes du nid dans un coin de leur cage (clapier): ils y retournent pour se reposer au sec. En cas d'élevage artificiel je fais naître les poussins dans un éclosoir puis après environ 48 heures je les place dans l'éleveuse qui leur procure nourriture, eau et chaleur (grâce à une lampe à infrarouges thermostatée).
Elevage artificiel :
l'éleveuse.

Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet

Mangeoire à miettes
et abreuvoir disposés dans l'éleveuse
pour les perdreaux nouveau-nés.

Photo Thierry Girod, élevage Raymond Bouquet

Lorsqu'ils sont élevés par une femelle, je donne l'aliment à celle-ci, qui leur montre et les incite à manger. Mais si les poussins sont tous ensemble dans mon éleveuse, ils ont quand même l'instinct de picorer, et se nourrissent. Le risque serait qu'un poussin se retrouve seul: en l'absence de stimulation (la mère ou les frères de la couvée), il risque de ne pas picorer du tout. Je nourris mes perdreaux avec un aliment industriel en miettes ("premier âge") pendant 2 à 3 semaines. Pendant les 3 semaines suivantes, je leur donne un aliment "deuxième âge" (moins concentré). Puis un granulé "troisième âge" jusqu'à 3 mois au plus tard. A ce moment, je les passe progressivement au régime des adultes. Je leur change leur régime de manière progressive, avec le même type de transition que celui exposé dans l'article d'avril 2005. Les premiers jours les poussins sont si maladroits et fragiles que la distribution de l'eau pose des difficultés. L'eau doit être facile à trouver par les petits, mais ceux-ci risquent également de tomber dedans sans arriver à ressortir! J'utilise des abreuvoirs type "canari", avec un petit bec, posés au fond de leur cage, ou des abreuvoirs avec un bec plus large, donc plus stables, mais dans ce cas je réduis la profondeur en plaçant un caillou au fond pour que les poussins ne risquent pas d'y tomber. Je retire la mère (quand il y en a une) lorsque les jeunes ont au minimum entre 3 et 4 semaines (durée plus ou moins longue en fonction de la température et éventuellement du nombre de petits). En général la femelle élève 2 nichées par an. Je n'ai jamais vu le mâle s'intéresser aux œufs ou aux poussins. Je traite les jeunes contre la coccidiose avec Coccilyse* ou Amidurène*, auxquels j'ajoute Floratonyl*. Et à 5 semaines je traite contre les vers avec Biaminthic 5%*. Ensuite je leur donne du Santol* dans l'eau de boisson (huiles essentielles et vitamines) pendant 3 mois minimum. Ce n'est qu'après les traitements antiparasitaires que je réunis les poussins de différents lots. Ils ont à ce moment entre 6 et 8 semaines. A ce stade, Perdrix et Faisans peuvent être mélangés sans problème. Je ne fais pas incuber dans la même machine des œufs de taille différente (Perdrix et Faisans par exemple), parce que dans la couveuse les gros œufs absorbent plus la chaleur et l'humidité. A l'éclosion je mélange les jeunes, uniquement si les poussins sont d'âge et de taille comparable. En effet, des poussins trop petits, ou moins "délurés", risquent d'être tués par les autres. Une fois que la bande est constituée, les oiseaux se supportent en général jusqu'à leur puberté (au printemps suivant), même si des espèces différentes sont associées. En général, les jeunes sont plus facilement compatibles que les adultes. Toutefois, si je veux introduire de nouveaux oiseaux dans une bande déjà constituée, je les place dans une nouvelle volière, pour limiter les risques d'agression, personne ne se sentant plus sur "son" territoire.

Hybridation
L'hybridation entre oiseaux du même genre est possible. Je fais cohabiter mes Choukar avec des Perdrix rouges, en enlevant journellement les œufs. Une fois il m'est arrivé accidentellement de découvrir que des poussins nés dans un recoin étaient hybrides. Certains éleveurs disent que ces hybrides sont stériles, je n'en ai aucune idée puisque je ne les fais pas reproduire. Peut-être le sens du croisement joue-t-il un rôle dans la fertilité des hybrides ? Ces oiseaux n'ont pas d'avenir, s'ils ne sont pas stériles ils ne peuvent que s'accoupler avec une des deux espèces parentales, et par ce fait la "polluer" génétiquement. Je ne les garde pas. Comme je ne mange pas mes oiseaux, je fais cadeau de ces hybrides à des amis, comme oiseaux de volière.

Mutations
Mutation pastel.

Photo & élevage Raymond Bouquet

Je ne connais qu'une mutation dans cette espèce: c'est la couleur dite pastel. Je n'en ai plus en ce moment. Il s'agit d'une couleur diluée. Le poussin pastel a très peu de duvet, celui-ci est très clair. Cette couleur s'élève comme la couleur naturelle, toutefois ces mutants sont plus fragiles. Je ne l'ai pas noté précisément, toutefois il me semble que les mutants pastel étaient majoritairement des femelles. Il est possible que la mutation soit liée au sexe, mais je n'ai aucune certitude. Ceux de mes reproducteurs qui ont produit des pastels étaient toujours un mâle couleur sauvage ("gris") et une femelle pastel. Chaque nichée, d'environ 8 à 10 jeunes, me donnait 3 à 4 pastels. Une seule fois j'ai accouplé pastel X pastel, les petits étaient tous des pastels, mais exceptionnellement fragiles.



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