AU COEUR DU SUNDGAU,
UNE SYMPHONIE EN NOIR ET BLANC.

Il existe au sud de l'Alsace un pays idyllique composé de vallons et d'étangs que l'on appelle le Sundgau. Situé dans le triangle " des trois pays " : la France, l'Allemagne et la Suisse, il attire chaque fin de semaine de très nombreux touristes grâce à ses superbes promenades, l'architecture typique des maisons à colombages et ses dizaines de restaurants qui maintiennent une tradition culinaire bien vivante. Bien sûr, j'ai une tendresse particulière car c'est le pays de mes ancêtres, dont je porte le nom.
Mais pas seulement. Tout ici reflète la douceur de vivre.
Et je ne dois pas être le seul à l'apprécier car les prix de l'immobilier se sont littéralement envolés. La proximité de pays à fort pouvoir d'achat n'y est pas pour rien. D'ailleurs, le champion automobile Michael Schumacher a, dit-on, longtemps cherché à s'y installer.
Donc pour trouver une ferme rénovée avec un peu de terrain et un cours d'eau ou un étang, c'est mission impossible, sauf, bien entendu, si on en a hérité.

Ici, les Hommes aiment s'entourer d'animaux. Ils les côtoient et connaissent leurs besoins.
Les cigognes sont à domicile. Au point que certaines ne quittent plus leurs bienfaiteurs, même l'hiver, lorsque les Hommes ont su leur aménager tout ce dont elles avaient besoin.
Cela me rappelle des souvenirs d'enfance ou juché à l'arrière du vélo de ma gardienne, nous arrivions dans des fermes pour chercher le lait. Les vaches avaient un nom et la cuisine donnait sur l'étable pour pouvoir les surveiller et répartir la chaleur grâce au gros poêle alsacien en faïence. Les poules naines peu farouches venaient à notre rencontre suivies d'une nuée de poussins. Et la fermière les houspillait gentiment pour qu'elles n'entrent pas dans la maison. Chassées par la porte, elles revenaient par la fenêtre et arrivaient presque toujours à leur fin : recevoir quelques grains ou quelques miettes de pain. Ce spectacle était pour moi , petit garçon, un vrai bonheur et je m'étais dit que moi aussi, un jour, j'aurai des poules naines et que je vivrais heureux à la campagne entouré de ma famille et de mes animaux.
Mais la vie n'est pas si simple. Et je ne me doutais pas que j'aurai à lutter contre des écologistes extrémistes antispécistes, qui, élevés dans la pollution des villes, idéalisent la Nature, se sont autoproclamés " protecteurs des animaux " et dont la seule obsession est de faire cesser la domestication des animaux qui, selon eux, est exactement la même chose que l'esclavage.
Je ne me doutais pas que le monde deviendrait aussi fou. Et qu'un jour des réglementations absurdes puniraient d'un an de prison et 60.000 F d'amende la possession d'une oie cendrée ou d'un chardonneret, pourtant nés depuis des dizaines de générations en captivité. Et que d'autres lois venues d'Outre Rhin viendraient interdire l'élevage d'animaux de races anciennes soi- disant " handicapées ".

On a toujours une émotion particulière a retrouvé ses souvenirs d'enfance et ce sont ces souvenirs qui me submergeaient en me rendant à Riespach dans le Haut Rhin (68).
C'est en effet au cœur du Sundgau qu'habitent Monsieur et Madame Jean-Paul BRAND, dont j'avais déjà pu me faire une petite idée de la qualité de l'élevage au travers des animaux concourrant dans les expositions de la Région, à Dannemarie mi-octobre notamment.

La maison est récente, mais à poutres apparentes, pour conserver le style du pays. Derrière, se trouve une grande dépendance qui permet d'installer matériel et animaux. Il y a, en plus, de petits poulaillers en plaques de béton qui permettent d'abriter les jeunes. Par un système de couloir, ceux ci peuvent se rendrent sur de plus vastes étendues enherbées. Les oies de Guinée sont là et veillent.
Monsieur travaille en Suisse, mais conserve l'agriculture comme activité. Madame Brand partage également cette passion pour les animaux et l'aide beaucoup dans cette activité.
J'ai choisi de vous parler de l'élevage de Monsieur et Madame BRAND car il prouve que l'on peut être agriculteur et tirer profit de l'élevage d'animaux de races. Et même de sauvegarder en même temps certaines races rares ou en voie de disparition et y trouver une grande satisfaction.
Monsieur et Madame BRAND sont en effet connus pour leur très bel élevage de poules wyandotte argentées à liseré noir en grande race. C'est une race qui est aussi belle qu'elle n'est rare. Tout néophyte a le même premier sentiment : on dirait de la dentelle, une véritable œuvre d'art. La poule wyandotte a une forme harmonieuse de lyre. Et chaque plume blanche et délicatement entourée d'un liseré noir.
Grâce à son esthétique, cette race commence à susciter un véritable phénomène de mode chez les nouveaux rurbains qui adoptent des volailles pour avoir des œufs frais et ornementer leur jardin.
Mais souligne M. Brand : " C'est une race qui devrait être élevée par tous les agriculteurs, car c'est une excellente volaille de chair, elle grandit bien, elle s'élève facilement, elle est familière ". Et puis, depuis peu, il y a une demande croissante qu'il est difficile de satisfaire.
Malheureusement déplore M. Brand, le transport des animaux est devenu quasi impossible. Soit les transporteurs refusent nos animaux à cause des nouvelles normes trop contraignantes, soit le coût du transport est quatre fois supérieur à celui de l'animal et personne ne peut débourser 60 € de transport pour un animal qui en vaut 15 €.
Aussi, chaque année, il a de nombreuses demandes de toutes la France, mais souvent il ne peut les satisfaire à cause de la paralysie des transports. Et il est obligé de tuer des animaux magnifiques en fin de saison, alors qu'ils auraient peut être pu faire le bonheur de familles d'aviculteurs amateurs du Sud, du Nord ou de l'Ouest de la France.
Qu'est-ce qu'il vaut mieux : que les animaux reproducteurs soient transportés avec 0.01 % de risque de mourir en cours de transport ou qu'ils ne puissent pas être transportés et que leurs possesseurs, sans débouchés, soient obligés d'en tuer 100% d'entre eux ?
Ce raisonnement de bon sens est pourtant facile à comprendre. Puisse-t-il être connu de nos hommes politiques avant qu'il ne soit trop tard. ".

Pour pouvoir faire du bon travail, il faut que les trios reproducteurs soient séparés. M. Brand a confectionné de petits chalets en bois qui leur servent de poulaillers. L'eau doit être toujours propre. M. Brand préfère les abreuvoirs en plastique type boule sur pieds. Ainsi, il sont surélevés et la boue ne salit pas l'eau.

Les habitants du Sundgau sont véritablement passionnés de fleurs et on dirait que toutes les maisons font un concours pour savoir qu'elle sera la plus belle. C'est dans un environnement planté de superbes dahlias que vivent les volailles de Monsieur et Madame Brand.
Autour de la partie droite de la maison, évoluent les poules hollandaises naines noires à huppe blanche. Le contraste entre le noir du corps et la blancheur de la tête est toujours aussi saisissant. D'ailleurs, je crois déceler chez Monsieur et Madame Brand un petit goût pour le mélange noir et blanc. Les pigeons strasser sont eux aussi noir et blanc. Et les canards de barbarie : blancs.
De part mon expérience, j'ai souvent remarqué que lorsqu'on aime une couleur, on a tendance à la rechercher et la reproduire chez divers animaux. J'ai connu des passionnés de la couleur fauve qui possédaient des lapins fauve de Bourgogne, des poules wyandottes naines fauves, des dindons fauves, des canards orpington, des cobayes orange, des pigeons sottobanca jaunes et même des chats persans roux. Mais le contraste noir et blanc est lui aussi apprécié par beaucoup de personnes, que ce soit consciemment ou inconsciemment.

Toujours est- il que les poules naines hollandaises noires à huppe blanche s'activent beaucoup et sont parfaitement heureuses dans cette ferme. D'après les écologistes extrémistes cette race serait " handicapée " par sa huppe qui lorsqu'il pleut resterait humide et engendrerait l'apparition de maladies. Ce qui les a conduit a réclamé en Allemagne son interdiction. Argument fallacieux que l'on peut aisément réfuter en observant les poules de M. et Mme BRAND. D'abord les poules en général n'aiment pas la pluie et se mettent à l'abri. D'autre part, dans le Sundgau il pleut souvent et cela n'entraîne pas plus de maladies que les autres si les poules ne sont pas en surnombre et vivent dans de bonnes conditions sur du gazon et non dans la boue.
Pour réfuter ces arguments mensongers, la fédération des aviculteurs allemands a fait construire une ferme expérimentale confiée à des scientifiques qui mènent des études pour démontrer que les allégations des écologistes extrémistes sont scientifiquement infondées.
Les études portent notamment sur les animaux à huppe, plumage frisé ou poils longs, mais aussi à plumes sur les pattes, pattes courtes, etc.

Dans le cadre d'une protection animale raisonnable et raisonnée, que soutient ProNaturA France, il n'y a qu'une précaution à souligner pour les personnes qui désirent acquérir des volailles possédant une huppe : il ne faut pas mélanger des volailles qui ont une huppe avec d'autres qui n'en ont pas. Comme d'ailleurs, il faut éviter de mélanger des volailles de tailles très différentes ou des volailles de races calmes avec des volailles de races vives, surtout si l'espace, dans lequel elles sont, est restreint.
Mais cela évidemment, les écologistes extrémistes ne peuvent pas le savoir, puisqu'ils n'ont pas de volailles ! Ce qui ne les empêche pas du haut de leur balcon à cent mètre dans le brouillard de réclamer l'interdiction de toutes ces pauvres races d'animaux soi disant " handicapées " qui souffriraient.
Avant le misérabilisme était lénifiant, aujourd'hui, il est destructeur.

Puisse venir rapidement le jour où nos hommes politiques comprendront que protéger les animaux, c'est d'abord les protéger de la disparition et non les faire disparaître en suivant les recommandations exagérées et simplistes de pseudo " libérateurs des animaux ", qui se cachent sous des étiquettes plus officielles de " protecteurs des animaux ".
En attendant, des Hommes équilibrés, honnêtes et modestes comme Monsieur et Madame Brand continueront avec détermination à sauvegarder des races rares comme la poule wyandotte ou la hollandaise à huppe.

Et ils invitent tous ceux qui se réinstallent à la campagne pour avoir le plaisir de vivre et de manger sain à faire comme eux et à installer, pourquoi pas, quelques poules wyandotte et quelques hollandaises à huppe dans leur jardin.

Pour la fédération française des associations pour une protection non anthropomorphiste de la Nature et des animaux-ProNaturA France
J.E. Eglin

Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter le Wyandotte club de France : Jean Marc DECUBER, 6 route de Choisy, 77120 MAROLLES EN BRIE.

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