RÉFLEXIONS SUR LA GÉNÉTIQUE DU CHIEN DE RACE ET LE NÉCESSAIRE MAINTIEN D'UNE VARIABILITÉ GÉNÉTIQUE

Bernard DENIS
Professeur honoraire à l'Ecole vétérinaire de Nantes
Président de la Société d'Ethnozootechnie

Les organisateurs de ce colloque nous ont proposé un cadre très précis en nous demandant de répondre à trois questions relatives à :
- l'inscription à titre initial,
- la sauvegarde des races à faibles effectifs,
- la lutte contre les hypertypes.

Nous ne nous limiterons évidemment pas à une simple réponse, qui pourrait être assez rapide, mais profiterons de l'occasion qui nous est donnée pour développer certains points en rapport avec le sujet.

LES INSCRIPTIONS A TITRE INITIAL
DOIVENT - ELLES ÊTRE ENCOURAGÉES ?

La question est récurrente : on sait que la tendance spontanée, en cynophilie, est de souhaiter la fermeture du Livre généalogique, tandis que le Ministère de l'Agriculture s'y refuse.
Avant de proposer directement notre réponse, il convient de rappeler quelques éléments relatifs à la notion de race.

Quand une race commence-t-elle d'exister ? Pour beaucoup de monde, une race existe dès lors que des éleveurs se sont entendus sur la définition d'un standard et ont ouvert un livre généalogique. Cela ne veut pas dire que, par la suite, des animaux sans papiers ne puissent pas être identifiés comme étant "de la race" mais la naissance de celle-ci correspond aux deux événements que nous venons d'évoquer. Ils sont parfaitement situés dans le temps, survenant le plus souvent dans la seconde moitié du XIX° siècle et la première du XX°.

Cette conception, très classique, a le mérite d'établir un point de repère précis pour la naissance des races, mais a l'inconvénient de trop artificialiser celles-ci puisqu'on en arrive à croire qu'elles n'existaient pas avant de recevoir, en quelque sorte, leur "acte de baptème".

En réalité, dans toutes les espèces animales, les races sont issues d'un long processus de différenciation régionale, que des croisements sont venus en permanence moduler, mais certainement pas anéantir. Chez les animaux de ferme, jusqu'au XIX° siècle, il ne faut pas exagérer l'importance des croisements, dont les effets finissaient par se diluer dans le fonds génétique commun de la population régionale concernée. Ils furent bien entendu plus importants chez le chien, mais cette espèce n'échappe toutefois pas à la description-type de la situation telle qu'elle pouvait exister avant la définition des standards et l'ouverture des livres généalogiques : il existait dans toutes les régions des populations hétérogènes, au sein desquelles émergeait parfois un type particulier, qui fut reconnu comme celui d'une future race. Si beaucoup de races ont reçu un nom de région, c'est bien qu'elles existaient avant leur naissance officielle et que les éleveurs ont pu s'entendre sans difficulté pour les identifier. Croire que, dans toutes les espèces, les populations animales étaient en variation quasi-désordonnée et que les races doivent leur existence à la volonté tout artificielle de l'Homme à la fin du XIX° siècle, est abusif.

Au moment de la " naissance officielle ", l'homme fait un tri, repère les animaux les plus conformes au standard retenu et, parce que le tri est phénotypique, sera obligé de poursuivre celui-ci au cours des générations successives : il peut arriver en effet qu'un animal ait un phénotype intéressant un peu par hasard, qu'il soit en réalité issu d'un croisement l'éloignant du génotype de la population régionale et que sa descendance soit beaucoup trop disparate.

Beaucoup plus tard, peut-on considérer que tous les animaux de la race dérivent de ce que l'on appelle les "fondateurs", c'est-à-dire les sujets issus du tri initial ? Cela fut sans doute rare. Il est probable que, d'une manière ou d'une autre, licite ou illicite, des gènes émanant d'animaux non inscrits, mais appartenant bien à la même population ou en en ayant l'apparence, ont été introduits régulièrement.

A ses débuts, on peut donc estimer qu'une race, dans une région donnée, comprend une fraction d'animaux fondateurs - les plus beaux d'après le standard nouvellement établi - et une population commune, qui est jugée non conforme au modèle recherché mais l'évoque tout de même. Naturellement, les premiers seulement ont droit au qualificatif racial. Au fur et à mesure que la sélection augmente l'homogénéité du groupe d'animaux inscrits, la race se fait mieux connaître et des mâles inscrits sont amenés à saillir des femelles " communes ". L'hétérogénéité de l'ensemble des animaux du vieux fonds régional se réduit quelque peu mais ne disparaît évidemment pas.

Remarque : cette situation correspond aux débuts de la cynophilie. Dans les années cinquante, alors que certaines races ont été re-créées, il était encore possible de trouver des chiens de ferme exprimant le vieux type régional, mais ce serait sans doute beaucoup plus difficile aujourd'hui.

Une race n'est-elle composée que d'animaux inscrits ?

On peut comprendre que le législateur réponde par l'affirmative. On peut comprendre aussi que les éleveurs LOF adhèrent à cette idée, les chiens non inscrits étant qualifiés d' " apparence de race " ou, péjorativement, de " sans papiers ". Il n'empêche que, scientifiquement, c'est faux. Les " papiers " constituent une reconnaissance officielle, une garantie mais la race se reconnaît " à l'oeil ", même s'il arrive que celui-ci soit pris en défaut.

Chez les animaux de ferme, le pourcentage de sujets inscrits au livre généalogique a toujours été minoritaire. La Loi sur l'Elevage de 1966 a introduit une nouvelle catégorie d'animaux : ceux qui, non inscrits à l'UPRA (organisme qui tient le livre généalogique), sont néanmoins soumis à déclaration de naissance et contrôle de performances (contrôle laitier, contrôle de croissance etc ... ) constituent le Livre zootechnique. Les animaux qui ne sont, ni à l'UPRA, ni au Livre zootechnique, sont seulement identifiés. Les trois catégories comprennent des animaux " de race " mais la certification n'est réelle que pour ceux qui sont inscrits à l'UPRA.

Cette situation n'est pas inintéressante car, s'il y a beaucoup plus de chances que les animaux communs bénéficient des efforts des sélectionneurs (en recourant de temps à autre à un mâle inscrit pour la reproduction) que l'inverse, l'existence même d'une population sans références particulières constitue un important réservoir de variabilité, au sein duquel peuvent se trouver des sujets intéressants. En cas de besoin, le moyen de les utiliser légalement sera toujours trouvé.

Si les sélectionneurs inscrits à l'UPRA ont conscience de détenir les meilleurs animaux (ce qui, d'ailleurs, n'est pas toujours le cas), il ne leur viendrait pas à l'idée d'utiliser péjorativement les expressions " apparence de race " ou " sans papiers " pour désigner les animaux non-inscrits, mais de la même race.

Encore une fois, si l'inscription au livre d'origine certifie l'appartenance raciale, c'est le simple coup d'oeil qui l'établit, avec quelques risques d'erreur, il est vrai. L'assimilation " animal de race = animal avec papier " ne s'est faite que chez le Chien et le Chat, par habitude avant que le législateur ne le décide, pour diverses raisons.

Les animaux d'une même race sont-ils très ressemblants ?

Qu'ils soient ressemblants est évident, sinon ils n'appartiendraient pas à la même race. Mais doivent-ils être très proches les uns des autres ? La réponse est non. L'homogénéité la plus grande possible est l'apanage des lignées consanguines. Il est normal et même souhaitable que co-existent dans une race des types différents, aux plans morphologique, comportemental etc ... Naturellement, l'ampleur des différences ne doit pas être trop importante ; elle est à préciser au sein de chaque club.

Les raisons pour lesquelles une race ne doit pas être trop homogène sont doubles :
- si la mode évolue et que l'on recherche à l'avenir des chiens d'un modèle un peu différent, il doit être possible de faire évoluer la race par ses propres moyens,
- l'homogénéité s'obtient le plus souvent au prix d'une augmentation insidieuse du taux de consanguinité, dont les conséquences défavorables ne manquent pas.

Inconsciemment ou consciemment, c'est vers le "toujours plus d'homogénéité" que marche la sélection. Pour faciliter cet " affichage ", dans les races où il existe plusieurs variétés, on les fait se reproduire chacune indépendamment des autres, ce qui peut conduire à accentuer les différences et les considérer comme des races distinctes, qu'elles n'étaient pas au départ. On ne dira jamais assez que les variétés doivent se croiser de temps à autre : elles constituent une sorte de réserve de retrempe naturelle l'une pour l'autre !

Certes, les clients ont souvent des idées précises sur le chien qu'ils veulent - celui qu'ils ont vu à la télévision par exemple - et ils n'accepteront pas, en bout de chaîne, un animal jugé trop différent de ce qu'ils attendent. C'est une question d'éducation du client potentiel : en toute logique, un éleveur ne peut garantir un type précis de chien que si son élevage se reproduit en consanguinité ; l'acheteur doit en être informé et, bien entendu, accepter de payer cette garantie.

La question est alors de savoir jusqu'où aller dans ce raisonnement. Depuis le temps que nous le tenons, nous avons entendu des réflexions du genre : " Vous nous suggérez de revenir en arrière en défaisant ce que nous avons fait ". Un collègue allemand, zootechnicien lui aussi, nous a même dit un jour à peu près ceci : " Finalement, vous êtes contre la sélection ... Pourtant, l'intérêt pour nous, zootechniciens, c'est de faire évoluer les populations. Lorsqu'il n'y a plus de variation, on passe à autre chose. Si la race est devenue consanguine et risque de disparaître, il en restera toujours bien assez d'autres pour nous occuper " (!)

Nous ne sommes évidemment pas contre la sélection mais nous affirmons qu'elle doit être mise en oeuvre dans un contexte de de gestion de la race, qui implique :
- certes de la faire évoluer dans la direction souhaitée conjoncturellement,
- mais de conserver aussi suffisamment de variabilité pour l'orienter éventuellement dans une autre direction, plus tard.

Tout est question de mesure. Nous avons eu l'occasion cette année de voir un rassemblement d'une trentaine de chiens de " race " Corse (Ù Cursinù), et à peu près le même nombre de Bergers de Savoie et (ou) Bergers des Alpes. Il est clair que l'hétérogénéité actuelle est trop importante dans ces deux populations et que la sélection va devoir la réduire mais il n'y a là rien d'original : toutes les races de chiens ont commencé ainsi. Il faudra savoir jusqu'où aller et, surtout, éviter à un certain moment de privilégier la descendance d'un étalon en particulier au point d'en faire dériver toute la race !

Il est donc bien clair que les animaux d'une même race doivent certes exprimer suffisamment de caractères en commun mais ne sont nullement des copies conformes les uns des autres.

Comment maintenir de la variabilité intra-race ?

La question est difficile si on l'aborde au plan pratique mais elle ne peut être éludée.

Sans doute appartient-il aux clubs de faire à un certain moment une sorte d' " état des lieux ", en identifiant ce qui existe comme souches, familles, courants de sang etc ... dans la race, puis de s'assurer, au cours des générations qui suivront, qu'aucune entité identifiée ne disparaît de la reproduction. S'il y a de gros risques pour l'une d'entre elles, il faut penser à la banque de semences. A quoi cela sert-il, en effet, de congeler la semence d'étalons remarquables qui ont déjà beaucoup reproduit ? Il vaut mieux mettre en réserve, au contraire, les caractéristiques d'étalons peu recherchés mais qui offriront peut-être un jour une retrempe intéressante. Tout cela ne vaut évidemment que si l'on se situe dans une optique de gestion de la race, auquel cas l'intérêt général l'emporte ; le financement de l'opération ne peut être alors que collectif, ce qui n'est pas facile à mettre en place.

Il est bon que les chiens récompensés en exposition ne soient pas toujours du même modèle. Il y a donc, là encore, une réflexion à conduire au sein du club, et des souhaits à formuler auprès des juges. Le rôle de ces derniers est capital, aussi bien pour l'exercice d'une " largeur de vues " que pour la pédagogie avec laquelle ils devront expliquer leurs jugements.

Dans les races où il existe plusieurs variétés, leur croisement doit être au moins toléré : si certains mariages risquent de donner de mauvais résultats (nous pensons à certaines couleurs ou à des différences de port d'oreille), il peut être vivement déconseillé aux éleveurs de les pratiquer, en leur expliquant les risques qu'ils encourent, mais ils ne devraient pas, en toute logique, être interdits.

Limiter le nombre de portées autorisées pour les étalons les plus demandés, est une bonne mesure. Nous ne proposerons pas de chiffre car la réponse est évidemment relative à chaque race. C'est plus le pourcentage de saillies réalisées à une génération donnée, que leur nombre, qui compte. Identifier les étalons qui ont reproduit à la génération précédente et le nombre de saillies qu'ils ont effectuées, est un bon point de départ pour l'analyse, le bon sens ayant alors plus d'importance que les calculs mathématiques.

Une pratique devrait être encouragée : celle d'une reproduction régionale, en incitant des éleveurs à s'entendre entre eux pour conduire la sélection en commun, avec des animaux qu'ils connaissent parfaitement. Ce n'est sans doute pas le meilleur moyen de produire des champions mais c'est une très bonne manière d'éviter l'introduction d'anomalies héréditaires dans son élevage (parfois, par des champions ... ), à la condition bien sûr que la transparence soit totale entre les éleveurs. Pour ce qui nous intéresse ici, cette façon de faire revient à constituer des souches, lesquelles diffèrent obligatoirement les unes des autres, du moins dans une certaine mesure, et constituent des réservoirs de variabilité.

Il est également souhaitable d'aller chercher de temps à autre d'autres courants de sang, faire donc une sorte de " retrempe intra-race ". On les recherchera d'abord à l'étranger, en espérant qu'il en existe. On pourra aussi recourir à des chiens sans papiers (en définissant avec les responsables de la race le moyen de le faire légalement), ce qui nous ramène à la question posée au départ de cette première réflexion sur la variabilité génétique intra-race.

Le recours aux inscriptions à titre initial

Nous avons vu jusqu'à présent que :
- en leurs débuts, les races ont probablement puisé pendant un certain temps dans le " réservoir " des animaux non inscrits, pour enrichir génétiquement la descendance des fondateurs initiaux,
- d'un point de vue strictement scientifique, les animaux qui ont l'apparence d'une race en font partie, car c'est le coup d'oeil qui signe - en toute probabilité - l'appartenance à celle-ci et non pas les " papiers ",
- même si la tendance, en cynophilie, est d'avoir des races toujours plus homogènes, il reste qu'elles doivent nécessairement conserver une variabilité qui leur permette, éventuellement, d'évoluer par elles-mêmes dans une autre direction.

On imagine donc aisément que les chiens sans papiers méritent l'attention, qu'ils soient susceptibles de conforter une orientation recherchée ou d'apporter tout simplement une intéressante retrempe. Il est alors, évidemment souhaitable de procéder au grand jour pour leur utilisation et, par conséquent, de les inscrire à titre initial.

Cela dit, il existe trois types de chiens sans papiers :
- des chiens issus de reproducteurs LOF qui, pour une raison ou pour une autre, ont quitté le circuit : ce ne sont pas des vrais " sans papiers " et ils ne constituent pas une retrempe à proprement parler ;
- des chiens qui ont eu une origine LOF, mais il y a longtemps, voire qui ont dans leur ascendance des animaux du vieux fonds régional dont nous avons parlé. Ils sont particulièrement intéressants, même si leur type morphologique s'éloigne du modèle actuellement recherché chez les éleveurs LOF ;
- des sujets qui peuvent exprimer un phénotype intéressant mais ont subi un apport de sang étranger à la race au cours des générations qui ont précédé. Introduits dans le cheptel sélectionné, ils sont susceptibles de faire des dégats.

Le problème est qu'en l'état actuel, il est bien difficile de savoir à laquelle des trois catégories appartient tel ou tel chien qui paraît intéressant.

C'est dire que l'inscription à titre initial implique d'exercer une surveillance très critique à l'égard des descendants de l'animal nouvellement inscrit. Son appartenance à la première ou à la troisième catégorie apparaîtra très vite au vu de produits identiques à ceux de l'élevage LOF ou, au contraire, de portées très hétérogènes. Son appartenance à la deuxième catégorie, débouchant sur une situation intermédiaire pour les produits, est perçue différemment par les responsables de la race : certains s'avéreront très déçus par les résultats et se déclareront dorénavant hostiles au titre initial. C'est sans doute parce qu'ils avaient en tête le modèle recherché dans le cadre du LOF et qu'ils avaient oublié que le rôle des chiens inscrits à titre initial n'est pas forcément de le transmettre ... D'autres seront au contraire heureux de retrouver des types de chiens oubliés dans le cadre du LOF et s'efforceront de les y réintroduire.

L'inscription à titre initial suppose que les clubs qui y recourent aient parfaitement compris qu'elle s'inscrit dans un contexte d'ouverture, à des fins de gestion génétique de la race. Mais elle est toujours incertaine. Cette incertitude est acceptable dès lors que toutes les précautions sont prises pour pouvoir barrer la route à un sujet qui s'avérerait détériorateur. Nous ne croyons pas qu'en l'état actuel de la réglementation de la cynophilie française, cette possibilité existe. Il y aurait peut-être lieu de revoir les modalités de l'inscription à titre initial en se rapprochant de l'esprit du " Livre d'attente ".

Il convient de bien situer l'inscription à titre initial à sa place, celle d'une méthode qui permet de faire le lien entre les chiens LOF et les chiens sans papiers afin de retrouver une diversité génétique que, souvent, la sélection officielle n'a pas su conserver. Doit-elle être encouragée ? Peut-être pas mais, à l'inverse, il n'y a pas lieu de la rejeter, comme c'est si souvent le cas de la part de présidents de clubs qui aspirent à la fermeture du LOF. Ils doivent se remémorer que la race dont ils s'occupent n'a pas vocation à devenir une population consanguine parfaitement homogène, et que l'inscription à titre initial demande à être mise en œuvre avec précaution.

LES RACES A TRÈS FAIBLES EFFECTIFS :
QUE FAIRE POUR ÉVITER LEUR DISPARITION ?

Chez les animaux de ferme, une sensibilisation aux risques de disparition de nombreuses races à faibles effectifs s'est faite jour au plan international, et des mesures de sauvegarde, plus ou moins efficaces selon les pays et les régions, ont été mises en œuvre. Il s'agit là d'un aspect de la préservation de la bio-diversité, si fortement mise à mal ces dernières décennies. Le Chien paraît à son tour gagné par ce souci patrimonial : on ne peut que s'en réjouir.

Trois thèmes méritent d'être abordés dans cette rubrique : s'assurer que les populations qui disparaissent sont bien originales, s'interroger sur les causes de leur disparition, mettre en œuvre des mesures de gestion génétique adaptées.

S'assurer de la réalité des pertes génétiques

D'abord, il y a lieu de se demander si les races qui tendent à disparaître étaient de véritables races, auquel cas il y a effectivement une perte génétique, ou non. On ne peut s'empêcher, à l'Ecole vétérinaire de Nantes, de prendre l'exemple du Levesque, qui a été créé à 300 mètres à vol d'oiseau de cet établissement, au château de la Poterie, par les frères Donatien et Rogatien LEVESQUE, et qui a disparu avec eux. Bien qu'il ait été reconnu comme race, ce n'en était certainement pas une, mais plutôt une variété ou souche de Gascon-Saintongeois. Le Braque Dupuy n'en était probablement pas une non plus (toutefois, signalons que nous connaissons mal la question). La disparition d'une souche est certes regrettable mais ne porte pas préjudice à l'avenir de la race à laquelle elle appartient. La disparition de la souche ou, plutôt, de la lignée consanguine Laverack, n'a pas empêché le Setter anglais de devenir ce qu'il est.

Ensuite, face à une race à très faibles effectifs dont l'avenir est incertain, il faut savoir si les animaux survivants appartiennent bien à l'ancienne population. On connaît des exemples relativement récents de races qui ont été reconstituées de toutes pièces : cela n'aurait guère de sens de vouloir sauvegarder un génotype issu en réalité de croisements.

S'interroger sur les causes de la disparition de la race

Lorsqu'une race s'achemine vers sa disparition, il y a intérêt à s'intéresser aux raisons de cet état de fait, afin de pouvoir éventuellement y remédier.

Il est une situation où on ne peut pas grand'chose : celle où la race était liée à une fonction particulière, avec peu de chances de reconversion. On nous a cité récemment l'exemple du Berger de Crau, qui accompagnait les troupeaux de moutons du Sud-Est lorsqu'ils transhumaient à pied. Il en existe encore - une enquête est en cours - mais, en estive, on lui préfère maintenant d'autres races ; quant à la possibilité de reconversion pour la compagnie d'une race rustique au poil long et feutré, elle est faible. D'une façon plus générale, il est aussi des races d'utilité qui se reconvertissent mal vers la compagnie parce qu'elles ne supportent pas les nouvelles conditions de vie qui leur sont offertes ou que leur entretien (pelage, propreté etc ... ) est jugé problématique.

Dans le cas des chiens de chasse, il y a lieu parfois de faire la différence entre les désirs du chasseur lui-même, qui peut préférer un certain type de chasse et une race de chien bien adaptée à celui-ci, et l'orientation donnée par les épreuves de travail. Le problème dépasse très largement le cadre des races à faibles effectifs : il est quasiment admis que les Field-Trials, dans leur forme actuelle, ont largement favorisé les races anglaises au détriment des races continentales, dont certaines sont même allées jusqu'à s'" angliciser ", officiellement ou de façon occulte. Or, on nous a toujours dit qu'il demeurait des amateurs - il y en aurait même de plus en plus - de chasse continentale ! Dans ces conditions, un important travail de réflexion est à conduire : si l'on met en avant la sauvegarde de la diversité génétique, des concours qui tendent à la réduire sont des mauvais concours et il faut donc les assouplir ou les conduire différemment. Le problème est exactement le même dans le cas des chiens de troupeaux, où il nous paraît nécessaire de concevoir des concours réservés aux chiens continentaux. Pour revenir à la chasse et aux races à très faibles effectifs, il ne faut pas oublier que, dans l'image qui est donnée de cette activité auprès du grand public, il est de plus en plus insisté sur le contact avec la nature et le plaisir d'être accompagné de son chien et de le voir travailler. Même si celui-ci appartient à une race peu " performante ", on se demande bien pourquoi il faudrait inciter le maître à en changer, dès lors qu'il s'en contente et a conscience de participer à la conservation de la race de la région. L'amélioration des qualités de cette dernière, pas forcément sur le modèle dominant, est une question de sélection et de temps, dès lors que les effectifs auront suffisamment ré-augmenté pour le permettre.

On peut imaginer qu'une race voie ses effectifs fondre, parce que devenue trop problématique à élever, en raison de la fréquence élevée d'une ou plusieurs affections héréditaires, d'une réduction importante de la longévité etc ... Ce cas de figure est théorique car, s'il aurait le mérite de fournir des explications objectives à la situation de la race et d'indiquer les voies du redressement, l'expérience montre que les facteurs évoqués exercent rarement un effet dissuasif, soit par manque d'information, soit par goût du risque ou de recherche de l'exceptionnel.

Le facteur humain est souvent important en élevage. Il arrive qu'une race finisse par être oubliée à cause d'une perte de dynamisme, voire même de motivation de la part des quelques éleveurs qui lui restent fidèles. Quand les effectifs se sont raréfiés et que la présence en exposition est devenue exceptionnelle, on comprend que le monde cynophilique croie qu'elle a disparu.

Enfin, la mode peut évidemment jouer, contre laquelle il est bien difficile d'aller. Lorsqu'elle joue négativement à l'encontre d'une population qui était déjà numériquement peu importante, les conséquences peuvent en être catastrophiques.

Dans les cinq situations que nous venons d'envisager - il y en a d'autres - on sait, théoriquement au moins, sur quoi il conviendrait d'agir pour inverser la situation ; la pratique est souvent plus compliquée mais au moins la voie est-elle traçée.

Il est un autre aspect dans la question de la sauvegarde des races à très faibles effectifs, celui de la manière de conduire la reproduction pour conserver suffisamment de variabilité génétique.

Gestion génétique d'une race à très faibles effectifs

Un cas de figure, déjà évoqué, n'a pas à être considéré ici : celui où une race avait effectivement disparu et a été re-créée par croisements. Pour sympathique que soit la démarche, elle n'a rien à voir avec une sauvegarde, sauf, au moins, de la mémoire de la population.

Il n'y a pas de fatalité liée à de trop faibles effectifs, pourvu que subsiste encore un peu de variabilité chez les animaux. La technique consiste à faire se reproduire le plus de mâles possibles, dans l'idéal presque tous (il faut évidemment éliminer ceux qui expriment des tares). La sélection passe au second plan et il faut donc accepter des sujets qui, en situation normale, n'auraient pas été autorisés à la reproduction. On connaît plusieurs exemples, chez les animaux de ferme, de populations insulaires qui ont fini par atteindre des effectifs importants en partant d'un stock fondateur de quelques dizaines d'animaux. Nous connaissons personnellement l'exemple du Mouton des Landes de Bretagne qui, en 15 ans, est passé de 60 à 600 têtes : dans le troupeau relictuel initial, les agneaux mâles de l'année luttaient librement les brebis avant de partir en boucherie. On dira que 60 reproducteurs constituent déjà un ensemble non négligeable, ce qui est vrai, mais il ne faut pas oublier que la prolificité de la brebis et de la chienne n'est pas la même. Il faut également savoir que les généticiens spécialisés considèrent qu'à moins de 100 têtes, une population est perdue. Ce n'est pas vrai.

Dès lors que les effectifs de la race à sauver auront suffisamment ré-augmenté, il deviendra possible de réduire progressivement le nombre de mâles reproducteurs, sans prétendre toutefois retrouver une situation normale avant longtemps, et d'exercer un minimum de sélection.

Si la variabilité résiduelle chez les animaux re-fondateurs est trop faible, le succès de l'opération, par contre, devient problématique, et le recours à la retrempe est quasiment inévitable. Il convient évidemment de la faire avec une race voisine et d'en limiter l'ampleur, de façon à " diluer " le moins possible les génotypes que l'on veut sauvegarder. Ce que l'on appelle une " retrempe demi-sang ", limitée à une seule génération, doit pouvoir suffire pour ré-introduire suffisamment d'hétérozygotie.

Les banques de semence constituent un outil très intéressant. On a parfois tendance - lorsqu'il s'agit de la sauvegarde de populations - à les considérer comme un ultime recours. Elles peuvent effectivement l'être mais il y a bien entendu intérêt à anticiper et à ne pas attendre la quasi-disparition d'une race pour congeler ce qui reste de sa génétique. Le problème est que le financement ne pourra pas être trouvé du côté des éleveurs puisqu'il n'y en a pratiquement plus ; la situation est donc encore plus difficile que dans le cas où il s'agit, pour une race aux effectifs " normaux ", de congeler des réserves de variabilité dans l'intérêt à long terme de tous les adhérents. Pour les races à très faibles effectifs, il n'y a plus que la Société canine nationale qui puisse éventuellement faire quelque chose. Notons, sur ce point, que la Société Centrale Canine s'intéresse à cette éventualité : on ne peut que s'en réjouir.

QUE FAIRE POUR LUTTER CONTRE LES HYPERTYPES ET AUTRES DÉRIVES GÉNÉTIQUES ?

La dérive vers les hypertypes

Le mot "hypertype" est couramment utilisé pour qualifier les animaux qui exagèrent l'expression du type morphologique de leur race dans son ensemble, ou bien d'une particularité qui y est recherchée. Une race tout entière peut être hypertypée - les exemples classiques sont le Bulldog et le Sharpei - et comprendre néanmoins des animaux encore plus hypertypés que d'autres : ils sont volontiers utilisés par la publicité, ce qui contribue à la mode en leur faveur. Toutefois, le cas le plus fréquent est celui où apparaissent de temps à autres des animaux hypertypés au sein d'une race qui demeure encore "normale" ; on voit alors apparaître des poids excessifs, des faciès qui amorcent - ou exacerbent - un aplatissement ou un allongement, des plis de peau en nombre plus important que de coutume, des brévilignes qui passent à l'ultrabrévilinéarité, des poils qui s'allongent par trop, etc.

La dérive vers les hypertypes constitue l'une des "maladies" de la cynophilie actuelle. Elle est malheureusement favorisée par les propriétaires de chiens, qui se laissent facilement attirer par un animal "différent", par exemple parce que son type morphologique, dans l'ensemble ou sur un point particulier, est particulièrement accusé. Elle est ensuite encouragée par les juges, qui n'hésitent pas à attribuer les récompenses suprêmes à des chiens hypertypés. Le comble est que, le plus souvent, ces animaux sont hors standard ! La commission zootechnique de la SCC a, il y a plus de dix ans, souligné que "hypertype" devait être assimilé à "manque de type", ce qui, en toute logique, interdit la confirmation. Il s'ensuit que certains champions sont des chiens non confirmables !

On entend parfois dire qu'on a besoin en élevage de chiens hypertypés pour permettre, grâce à des accouplements judicieusement planifiés, de retrouver le type moyen qui tend à se perdre. Nous récusons le mot "besoin" car il y a d'autres solutions, plus progressives, dans le cadre d'une sélection bien conduite ; d'ailleurs, comment faisait-on à l'époque où il n'existait pas d'hypertypes ou qu'ils étaient très rares ? A supposer néanmoins que cela soit vrai, il conviendrait au moins de garder ces animaux dans les chenils et non pas de les "afficher" en exposition.

Si l'hypertype concrétisait seulement une nouvelle orientation de la race, il n'y aurait guère que deux questions qui se poseraient :
- s'interroger sur l'image que l'on donne de la race, à une époque où la "protection animale" prend de plus en plus d'importance, parfois trop. Celle-ci est soucieuse du bien-être des animaux mais également du respect qu'on leur manifeste : or, il faut bien reconnaître qu'un chien hypertypé est un peu un "jouet"... ,
- comment faire pour ne pas laisser cette nouvelle orientation éliminer toutes les autres ? Cela nous ramène à la question de la gestion de la variabilité, dont nous avons amplement discuté.

En réalité, souvent, les chiens hypertypés sont fragilisés au regard de certaines maladies, et leur longévité tend à se réduire. Leur bien-être est donc altéré et la cynophilie, à cause de cela, offre des arguments à ses détracteurs, surtout lorsqu'ils appartiennent à la frange radicale de la protection animale. Très active, celle-ci se propose de faire interdire d'élevage, grâce à la législation européenne, un nombre important de races qu'elle qualifie de "torturées".

Pour contrer les excès de la protection animale, il ne faut à notre avis pas rejeter en bloc ses arguments, refuser d'entrer dans le débat, bref "se draper dans sa dignité", mais au contraire s'efforcer d'identifier sereinement les authentiques dérives qui nuisent aux animaux et reconnaître qu'il est nécessaire de les enrayer. Le débat n'est pas forcément simple au plan scientifique mais il doit être entamé. C'est de la collecte de multiples observations et de la discussion que sortira l'objectivité.

Convaincre les diverses parties

Il faut d'abord convaincre les Sociétés canines nationales ce qui, dans l'absolu, n'est pas forcément facile. La Convention européenne sur la protection des animaux de compagnie a toutefois fait peur, sinon ébranlé des certitudes. Même le Kennel Club s'en est ému et s'est efforcé de distinguer le vrai de l'exagéré dans l'exposé des motifs. Les Britanniques ont accepté de reconnaître que six races possédaient un standard où certains éléments constituaient un risque pour la santé du chien : Bloodhound, Bulldog, Clumber Spaniel, Pékinois, Sharpei, St Bernard (ordre alphabétique) ; des corrections auraient d'ores et déjà été effectuées pour le Bulldog et le Pékinois et seraient en préparation pour les quatre autres races. Pour le reste, le Kennel Club, en se fondant sur les statistiques de compagnies d'assurances, récuse beaucoup de ce qui est avancé (même par des vétérinaires) sur les rapports qui existent entre des particularités morphologiques ou anatomiques et certaines maladies. Comme nous l'avons entendu à la dernière réunion de la Commission scientifique de la FCI, il ne faudrait pas se focaliser sur les blocages dont témoigne ainsi le Kennel Club, mais au contraire se réjouir qu'il ait reconnu l'existence d'un problème et pris quelques mesures, même timides. Il a été rappelé à cette même réunion que la question des hypertypes a été posée pour la première fois au congrès de l'Association mondiale des Vétérinaires spécialistes des petits Animaux (WSAVA) de Paris, en 1969 !

Convaincre les Sociétés canines nationales est une chose, convaincre les juges en est une autre. D'abord, le problème est moins dans d'éventuelles modifications à apporter au standard que dans l'utilisation qui est faite de ce dernier. Nous ne pouvons résister à rapporter un fait récent, que nous tenons de Raymond TRIQUET. Celui-ci demandait à un juge anglais invité à une exposition en France s'il avait connaissance des modifications apportées au standard du Bulldog par le Kennel Club. Sa réponse fut : "Les juges ne lisent pas le standard, ils connaissent la race" ! Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que le standard doit tout de même être corrigé lorsqu'il incite indirectement aux jarrets droits, à la microphtalmie, à la luxation du globe oculaire, etc., mais en se souvenant que cela ne suffira probablement pas puisque, comme nous l'avons vu, les animaux hypertypés sont souvent hors standard. C'est dire qu'une application stricte des standards (sauf sur les quelques points litigieux) devrait permettre de faire un grand pas sur la voie de la lutte contre les hypertypes. Les juges ont donc besoin d'être informés et, ce qui est plus difficile, convaincus. Peut-être des expériences comme celle qui a été conduite cette année par la Société Centrale Canine au Salon de l'Agriculture sont-elles susceptibles d'y aider : les champions de race étaient examinés par un jury dans lequel un scientifique était présent. Ce fut l'occasion d'intéressants échanges.

Au niveau des clubs de race, il importe qu'une discussion sur les tendances qui s'observent dans la sélection ait lieu régulièrement, et qu'elle intègre les avis d'un vétérinaire lui-même sensibilisé à la question. A cette fin, une lecture critique du (des) standard(s) doit être conduite et il faut s'interroger sur les chiens récompensés en exposition. Les résultats de la discussion sont évidemment à communiquer aux éleveurs par l'intermédiaire du bulletin du club, ainsi qu'aux juges, en essayant diplomatiquement d'expliquer à ceux qui tendent à récompenser les hypertypes pourquoi ce choix n'est pas vraiment souhaité par les responsables de la race.

Le rôle des éleveurs est fondamental, mais comment leur demander d'adopter des objectifs de sélection qui aillent à l'encontre de leurs intérêts, au moins tant que la situation n'a pas changé aux étages précédents ? Le facteur économique prime, et c'est bien normal. Une action au niveau des éleveurs doit donc se doubler d'une information du grand public. Les médias en sont un élément privilégié mais ils servent malheureusement à tout aujourd'hui : aussi bien à diffuser les thèses extrêmistes de la protection animale qu'à populariser les hypertypes, notamment par la publicité. Quand on connaît le rôle de la télévision sur la mode en faveur de telle ou telle race, on imagine aisément qu'elle puisse agir sur la mode en faveur d'un simple type de chien. C'est dire que les hypertypes devraient être interdits de télévision, mais comment agir ? Il en est évidemment de même de la publicité sur affiches ou dans la presse.

Autres dérives génétiques

Que peut-on mentionner comme autre dérive génétique que celle vers les hypertypes ? Pour mémoire, car la question a été indirectement développée dans la première partie, il y a la tendance à une réduction importante de la variabilité génétique intra-race, liée à l'utilisation abusive pour la reproduction, d'un petit nombre d'étalons, puis de leurs descendants. Rappelons la définition d'un animal non-consanguin - ses parents n'ont pas d'ancêtres communs sur cinq générations - et demandons-nous combien de chiens LOF ne sont pas consanguins. Signalons, ce qui n'est pas forcément une excuse, que la situation est la même chez les espèces de ferme. Tout se passe comme si la sélection dans son ensemble, même si elle s'en est défendue, n'avait pas été capable de créer du progrès génétique sans recourir à la consanguinité large. Dans les races bovines laitières, soumises à insémination artificielle, la réduction de ce que l'on appelle l' " effectif génétique " est considérable.
Une autre dérive génétique est représentée par l'expansion importante de certaines anomalies ou affections héréditaires. Elle rejoint la problématique précédente car l'expression des gènes récessifs, souvent incriminés en génétique médicale, est favorisée par la consanguinité. Elles est liée également à d'autres facteurs, notamment l'absence de précautions préalablement à l'utilisation à grande échelle d'un étalon - nous ajouterons : spécialement lorsqu'il vient de l'étranger - , la facilité avec laquelle les incertitudes relatives au déterminisme génétique de l'affection font conclure à la non intervention de l'hérédité, et la difficulté pour les responsables d'un club de savoir quelle est la situation exacte de la race au regard de l'anomalie. Est-il besoin de préciser que la lutte contre une affection héréditaire est dans l'intérêt de l'ensemble des éleveurs mais implique la transparence et l'adhésion de tous au schéma d'éradication ?
Nous terminerons, bien qu'il ne s'agisse d'une dérive génétique qu'indirectement, par l'éternelle opposition entre la sélection " beauté " et la sélection " travail ". Cette opposition n'a pas lieu d'être : même si le chien de travail n'a plus, globalement, la même importance qu'autrefois, même si la nature du travail que l'on demande au chien évolue, il ne se justifie pas de séparer la sélection " beauté " de la sélection " travail " : le chien doit être, par définition, beau et bon à la fois, sa " bonté " s'appréciant au travers d'une fonction qui est susceptible d'évoluer, voire de se simplifier (l'agility est une fonction " minimum ").

CONCLUSION

On ne fait pas d'élevage de chiens sans passion, ni sans en éprouver un certain plaisir. Il ne faut pas sous-estimer pour autant la responsabilité que cela suppose :
- vis-à-vis de l'Homme, qu'il s'agisse des clients qui se sont beaucoup investis psychologiquement dans l'achat d'un chien, ou des futures générations d'éleveurs qui auront à leur tour à gérer les races,
- vis-à-vis des chiens eux-mêmes, à l'égard desquels le souci éthique prend de plus en plus d'importance, ce qui est heureux dès lors que l'on ne tombe pas dans les dérives extrêmistes.
Assumer ses responsabilités suppose de ne pas se laisser forcément aller aux habitudes ni imprégner par la mode ambiante, mais d'exercer une observation critique de ses propres activités d'éleveur, inciter les autres éleveurs à faire de même et échanger les expériences et les réflexions au niveau du club. Les critiques, expériences et réflexions seront d'autant mieux conduites et interprétées qu'un effort aura été fait pour comprendre et, dans une certaine mesure, accepter le message des scientifiques sur les dérives génétiques qui menacent l'élevage canin.

Article issu du séminaire de la Société Française de Cynotechnie.
Vous pouvez consulter les actes de ce séminaire sur le site http://www.sfcyno.org

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