VARENNE DES ANIMAUX : Ministère et associations de protection vont-ils prendre le risque de favoriser les importations d'animaux des pays à bas coûts ?

Une proposition des " Rencontres Animal et Société " ne fait pas consensus et soulève même un vent de protestation dans toute la France.
La proposition 5 du groupe 2 qui désirerait limiter les ventes d'animaux aux seules circuits professionnels et par voie de conséquence interdire aux particuliers qui font occasionnellement reproduire leurs animaux (poissons, oiseaux, chiens, etc.) de vendre leurs jeunes, rencontre une opposition d'une grande majorité des Français, qui ont décidé de contacter leurs élus nationaux et locaux pour défendre cette liberté publique.

Les Parlementaires rencontrés sont formels : " On a rarement vu une telle mobilisation de la société civile pour une liberté publique ".

Cette proposition d'interdiction a été retenue par des fonctionnaires du Ministère de l'agriculture à la demande de certaines associations de protection des animaux qui allèguent qu'il y a trop d'abandons de chiens et chats parce qu'il y aurait trop de naissances en France.

Première remarque : si le problème ne concerne que les chiens et les chats, pourquoi l'élevage familial de loisirs et la vente des animaux d'autres espèces devraient être interdits ?

Pour le Pdt de la fédération de protection des animaux , ProNaturA France, le Docteur vétérinaire Bernard Denis, professeur honoraire à l'école vétérinaire de Nantes, on prend le problème à l'envers : " Interdire aux particuliers de vendre les quelques jeunes que leurs animaux feront occasionnellement, ne changera pas le nombre d'abandons, au contraire. C'est une mauvaise idée. La demande pour les animaux est constante. Si les animaux ne sont pas nés en France chez des particuliers qui ont pour violon d'Ingres l'élevage d'animaux, ils seront importés en masse de pays à bas coûts, d'usines à chiots ou à chatons sur lesquelles on a aucun moyen de contrôle. Avec la mondialisation ou la liberté de commerce à l'intérieur de l'UE, croire qu'on pourra imposer nos normes aux autres et bloquer les animaux aux frontières est une illusion ".

De nombreux vétérinaires et la fédération ProNaturA France ont fait valoir aux Varenne des animaux une autre solution qui semble plus raisonnable : le problème des abandons vient du fait que trop de personnes achètent un chien ou un chat sans se rendre compte des besoins de leurs animal et des contraintes que cela va engendrer.
Tomber dans la prohibition favoriserait les trafics et ne servirait à rien .
Il faut développer au maximum la formation et l'information sur les animaux et leurs besoins. Plutôt que de toujours montrer l'Homme comme un être détestable, il serait plus intelligent d'adopter une attitude humaniste et de le pousser par la formation et par un accompagnement et des conseils à s'améliorer et faire bien les choses. Un livret de responsabilisation, une formation dans un club d'éducation canine, une école du chiot ou des journées " rencontres et formations " organisées par les associations d'éleveurs, quelle que soit l'espèce, seront bien plus efficaces pour améliorer la condition des animaux et limiter les abandons que des interdictions en tout genre.

Enfin, comme le soulignent Christian Lafon, trésorier d'ONCE et Alain Collot, vice-pdt d'Aviornis et délégué de ProNaturA France au Varenne : " l'une de nos satisfaction est que les Rencontres Animal et Société aient prévu que l'origine du pays et le type d'élevage soient clairement indiqués lors de chaque vente. Il est important que les Français sachent qu'un animal qui provient d'un élevage " industriel " a moins de chance d'être sociabilisé qu'un animal qui vient d'un "élevage familial de loisirs ". Dès lors, on voit mal pourquoi certaines associations de protection s'en prennent avec autant d'excès et de véhémence aux éleveurs familiaux de loisirs, et demandent leur disparition, au risque de favoriser des importations massives de pays à bas coûts.

Sophie Dumont
juin 2008



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