Page  mise à jour le 01 mars, 2010

 

               Lire vraiment « Ethique animale »[1]

et les autres...

L’auteur, Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer est un jeune philosophe qui a compris que les groupes qui militent violemment pour les droits des animaux font peur à l’opinion publique. Ce n’est pas en faisant peur que l’on arrivera à imposer le végétarisme à tous.

Pour imposer ses idées, il faut paraître modéré. Et voilà précisément l’objet du livre : faire passer l’utilitarisme de Peter Singer comme une attitude modérée et marteler constamment que la France est la lanterne rouge du bien-être animal pour culpabiliser nos hommes politiques et obtenir finalement toutes les interdictions que les protecteurs à buts véganiens souhaitent. (interdiction des animaux dans les cirques, les zoos, les Nouveaux Animaux de Compagnie, etc.).

Pour tous ceux qui n’ont pas lu le livre, cela peut marcher. Même le très sérieux journal « Le Monde » s’y est laissé prendre, avec une interview particulièrement complaisante. « La France est la lanterne rouge du bien être animal »05.09.2008.

Si le livre avait bien un but majeur, c’était obtenir un article dans « Le Monde » car c’est dans « Le Monde » et à la « une » des journaux télévisés, que se décident les mesures politiques de demain.

« Le Monde » a une responsabilité écrasante.

Quand on sait que Peter Singer est le théoricien de la « libération animale », faire passer la  « libération animale » pour une attitude modérée, quel magnifique tour de passe-passe !

Cependant, pour celui qui étudie vraiment le livre, cela dérape assez rapidement.
Le diable est dans le détail comme aiment à répéter les professeurs de droit.

Page 74, Jeangène Vilmer rappelle qu’entre un humain handicapé mental et un animal, Peter Singer choisirait l’animal. (Pour le philosophe Luc Ferry, cela établit le lien avec la philosophie de l’extrême droite).
Page 237, dans son article « Heavy Petting », Peter Singer justifie la zoophilie car il rappelle que l’homme étant un animal, il peut être attiré sexuellement par d’autres animaux. Page 235, l’auteur affirme qu’en milieu rural, on trouve le nombre de zoophiles le plus élevé. Les ruraux apprécieront. Comme il n’existe pas d’entité défendant la ruralité, l’auteur ne risque pas un procès en diffamation.

Néanmoins il faut bien reconnaître que certains passage du livre sont intéressants, surtout lorsque l’auteur ne se rend pas compte qu’il donne les failles. Par exemple, lorsqu’il cite Tom Regan, professeur américain de philosophie morale : « Le mouvement des droits des animaux est un mouvement abolitionniste, notre but n’est pas d’élargir les cages mais de faire qu’elles soient vides ».

Ou encore Francione qui dans « Animals, property and the law » indique que « le principal obstacle à la libération animale est juridique et réside dans le fait que les animaux sont toujours considérés comme des biens et qu’ils ont le statut légal de propriété ».

Si le fait que l’animal soit un bien susceptible de propriété est le principal obstacle à la libération animale, on comprend mieux pourquoi certaines associations françaises dites de protection des animaux font pression sur les hommes politiques pour que le code civil soit modifié afin que l’animal y soit reconnu comme une quasi-personne en sa qualité d’être sensible, et non plus comme un bien. Dans ce cas, tous les droits de l’Homme seraient attribués aux animaux, ce qui aurait deux conséquences principales :

1-      les animaux ayant le même droit à la vie que les hommes, tous les hommes devraient devenir végétariens.

2-      Les associations de protection des animaux habilitées, pourraient par l’intermédiaire de cabinet d’avocats, représenter les droits des animaux et mener des procès à l’encontre des détenteurs d’animaux qui, d’après elles, ne respectent pas le bien-être ou les droits de l’animal, et ce afin d’obtenir, par exemple, des dommages et intérêts. (Tout est déjà prévu, comme l'indique parfaitement le Philosophe Jean-Marie Meyer, dans son remarquable ouvrage « Nous sommes des animaux, mais on n'est pas des bêtes » p.171).

Le problème est que cette conception s’oppose absolument à la philosophie des Lumières et à la Déclaration des Droits de l’Homme sur lesquelles sont fondées notre démocratie actuelle.

Est-ce pour cela qu’il critique l’Humanisme issu des Lumières ? Probablement.
Il essaie de l’inscrire comme un courant de pensées surtout classé à droite. Sans doute pour que la Gauche reprenne à son compte les théories de Peter Singer et des « protecteurs des animaux »(Singer a fait des approches en ce sens, cf Laurent Larcher). Ceux qui se situent à gauche seront étonnés d’apprendre que leur philosophie n’est pas basée sur les Droits de l’Hommes et la philosophie des Lumières…..Est-ce bien sérieux ?

Puis dans une seconde partie, l’auteur essaie d’illustrer ses propos théoriques par des exemples concrets de « souffrance animale ».
Dans une société à 80% urbaine, qui a perdu quasiment tous contacts avec les animaux et ne les connaît plus vraiment qu’à travers le prisme des chiens/chats et de la nature « Walt Disney », les exemples peuvent être crus.
Et c’est bien là le drame car une seule contre-vérité peut influencer des millions de personnes.

On passera sur la page 250 où l’auteur relève qu’au nom de la chasse, on lâche dans la nature des espèces non indigènes comme la caille de Chine, ce qui est caractéristique d’une totale méconnaissance des animaux (la caille de Chine a la taille d’un moineau et elle ne fait pas l’objet d’un lâcher de repeuplement).

Et on s’attardera sur ce qui semble être finalement peut-être l’objet de ce livre : introduire des théories anglo-saxonnes en France, alors qu’elles avaient jusque là bien du mal à y pénétrer pour cause d’extrémisme :

Exemple chapitre 11 page 225 : « La manipulation génétique dans le but d’améliorer la race en privilégiant certains traits et en éliminant d’autres est un comportement typiquement eugénique [……]. Le caractère incestueux du procédé est également dénoncé. ».

C’est notamment parce qu’ils en ont assez de lire depuis des années des contre-vérités (odieuses et blessantes pour un grand nombre de citoyens) sur l’ensemble des sujets abordés dans ce livre, et bien d'autres, ainsi que sur les sites internet, que les scientifiques réunis au sein du Haut Conseil Scientifique de la Fédération ProNaturA France ont à cœur de rétablir la vérité scientifique sur le site http://pronaturafrance.free.fr


[1]    PUF