Ont participé à la rédaction :
Jean-Pierre DIGARD – Anthropologue, Directeur de Recherche émérite au CNRS ;
Jacques-Gabriel SERVIÈRE – Neurobiologiste, Directeur de Recherche à l’INRA ; Xavier
LEGENDRE – Docteur Vétérinaire, Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle ;
Bernard DENIS – Professeur honoraire de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes ;
Jean-Emmanuel EGLIN – Juriste, Secrétaire Général de ProNaturA-France ; Pierre de
BOISGUILBERT – Secrétaire Général de la Société de Vènerie ; Charlotte DUNOYER –
Docteur Vétérinaire, Fédération Nationale des Chasseurs.
Comité Noé
90 bis, rue de Varenne 75007 PARIS
Tél : 01.53.59.53.12 -Fax : 01 53 59 53 15
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De même, en ce qui concerne plus précisément les animaux, entre les deux extrêmes que représentent l’animal
traité comme une simple “machine” et l’animal “sujet de droit”, on peut adopter un juste milieu :
• les animaux sont objets de devoirs de la part de l’homme ;
• ces devoirs doivent être définis selon une conception non anthropomorphiste, humaniste et scientifique
de la protection animale, sous peine de dommages sociaux et économiques, voire écologiques, qui risquent
de se révéler, à terme, préjudiciables aux animaux eux-mêmes.
La contestation de la différence entre hommes et animaux, et l’attribution à tous de droits semblables, au motif
qu’ils possèdent un grand nombre de gènes communs et que tous sont des “êtres sensibles”, se heurte à plusieurs
incohérences, telles que :
• si les animaux ont les mêmes droits que les hommes, ils possèdent aussi un droit à la vie : en conséquence, tous
les hommes devraient devenir végétariens ;
• une démarcation entre animaux “supérieurs” et “inférieurs”, de part et d’autre d’un seuil de sensibilité, impossible
à définir...
Ce qui sépare clairement l’homme des animaux, c’est la capacité à exercer une responsabilité ; l’animal ne peut pas
avoir de droits parce qu’étant dépourvu de conscience morale, il ne saurait avoir de devoirs.
On entend parfois dire que les relations entre l’homme et les animaux ne profitent qu’aux hommes : cela relève de
la mauvaise foi ou de l’ignorance. Il existe en fait des relations et des contreparties diverses et complexes, nécessaires
au maintien ou au rétablissement des équilibres vitaux dans un souci de survie et d’équité.
Les “extrémistes” de la protection animale, sans doute sincères dans leurs convictions, ont toute liberté d’adopter un
comportement personnel en adéquation avec elles. Mais lorsqu’ils militent de façon violente pour la libération des
animaux, soutenant que ces derniers sont traités comme des “esclaves” et ne sont pas là pour nous servir d’aliment,
de vêtement, de sujet d’expérience ou de divertissement, ils se comportent de manière sectaire.
Une position équilibrée, de nature à faire consensus, revient à reconnaître à l’homme le droit d’utiliser les animaux
dans le cadre de nécessaires relations d’interdépendance :
• le droit de s’en nourrir sans excès, après leur avoir assuré une bien-traitance en phase d’élevage et une mort
dans des conditions acceptables ;
• le droit d’expérimenter sur l’animal, inévitable tant qu’il n’existe pas de méthodes de substitution fiables qui
rendent compte de la complexité du vivant, en respectant la règle des 3 R (remplacer, réduire, raffiner), sous la
responsabilité des chercheurs ;
• le droit à des activités de divertissement impliquant des animaux, depuis la possession d’animaux familiers ou
d’agrément, jusqu’à des activités telles que jeux taurins, chasse ou pêche de loisir.
Pour comprendre les relations de l’homme avec les animaux, il faut bien voir leur complexité, qui mêle le besoin de
connaître et de maîtriser la nature, de côtoyer les animaux, y compris les espèces sauvages, en parcs zoologiques ou
autres formes de captivité, de réguler les espèces, de bénéficier si besoin du rôle cathartique de l’animal, de sauvegarder
des pratiques et des savoirs traditionnels, ainsi que des espaces naturels, etc.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que supprimer certaines pratiques contribuerait à la disparition d’espèces ou races
sélectionnées en vue d’une fonction précise (chiens, bovins, oiseaux, etc.) et à l’appauvrissement du patrimoine
génétique.
Au total, promouvoir des relations équitables avec les animaux, c’est : • reconnaître que, dans des situations très diversifiées, l’homme a fondamentalement besoin d’eux et qu’il en est dépendant ; • les considérer tous avec respect et, lorsqu’ils sont domestiques ou captifs, leur assurer bien-traitance et santé ; • les protéger de la disparition en tant qu’espèces ou races, et contribuer ainsi au maintien de la biodiversité, Le tout en se basant, non sur des impressions, des sentiments ou des idéologies, mais sur la raison, l’expérience et la connaissance scientifique. |