UNE VISITE AU MARCHE DE LOUHANS

Il est un fait que les membres de la Fédération Française des Associations pour une Protection Non Anthropomorphiste de la Nature et des Animaux-ProNaturA France et tous les amis des animaux regrettent particulièrement et n'hésitent pas à écrire dans les dizaines de lettres que nous recevons chaque mois : lorsqu'on se rend dans n'importe quel marché de France, on ne rencontre malheureusement plus que les quelques 5 ou 6 volailles de souches industrielles. Mondialisées, uniformisées, elles n'ont même pas de noms, mais des numéros ou alors simplement une " couleur " . " C'est de la rousse " vous dit le marchand. Oui, mais de la rousse quoi ? Cela ne veut rien dire !

Où sont passées les dizaines de races de volailles qui faisaient autrefois toute la diversité de nos campagnes, de nos terroirs ? Où sont les Alsaciennes, les Bresse-Gauloises, les Gasconnes et les Caumont ?

Les gens de la campagne, qu'ils soient agriculteurs ou pas, achètent leurs volailles et autres animaux au marché, pas dans les expositions-concours de beauté. Certains ne savent même plus qu'elles sont les races de leur Région. Ils n'en ont jamais vu ! Aussi est-il primordial que les quelques éleveurs qui en possèdent viennent également les présenter, les faire connaître et les vendre à nouveau sur les marchés.

C'est un souhait que partagent les membres de la fédération ProNaturA France.

Et ce souhait a trouvé à LOUHANS un début de réalité .

La bonne ville de LOUHANS se situe dans le département de Saône et Loire au cœur de la Bresse. Il y a à Louhans et dans les nombreux villages qui l'entourent une tradition ancestrale d'élevage de volailles et animaux de basse-cour. Tous les lundi se tient un immense marché réputé qui occupe toutes les rues du centre ville. Et parallèlement se déroule le fameux marché aux volailles ou plutôt aux animaux, devrait-on dire aujourd'hui, tant les espèces présentées y sont diverses.

On y retrouve, comme ailleurs, des accouveurs professionnels, avec leurs souches industrielles. Beaucoup de cou nu. J'y ai vu notamment des panachées noires et blanches ou blanches et fauves assez surprenantes. Et puis il y a de la Bresse industrielle dont la seule caractéristique est qu'elle a les pattes bleues.

Mais en cherchant bien, on peut trouver quelques trésors et il y a des petits stands d'animaux de races pures qui se défendent très bien. Un stand présentait des brahmas, des marans et des faverolles. Il n'était pas le moins fréquenté. Plus loin des leghorns blanches de type américains et des leghorns dorées type ancien . Sur un autre de véritables bresse-gauloises noires et leurs œufs à couver.

Un peu partout, si vous venez au printemps vous trouvez des poussins ou des œufs. Un stand était d'ailleurs spécialisé dans la vente d'œufs à couver (cane et oies principalement). Les prix sont rarement élevés. Il y a des canards de barbarie en race pure, noirs, bleus, blancs ou rouges. Des pékins américains. Des coureurs indiens. Des blancs de l'Allier. Des rouens et des haut volant colvert à profusion. Un petit regret cependant : très peu d'oies de races exception faite des oies de Guinée. Alors que si vous vous rendez sur un marché en Allemagne, vous pourrez certainement admirer des oies de Poméranie ou d'Emden.

Si les volailles de croisements industriels représentent la majorité des individus, il n'en va pas du tout de même chez les pigeons et les lapins où les bâtards sont rares. Ce qui veut dire une chose : il n'est pas plus difficile de travailler avec des animaux de race pure qu'avec des bâtards. Les bâtards et les animaux de races mangent la même chose, mais les animaux de race se valorisent mieux car on peut les vendre plus chers. De plus, en élevant des animaux de races, vous participez à la sauvegarde de la diversité et d'une partie non négligeable de notre patrimoine historique et culturel.

Parmi les lapins, les fauves de Bourgogne sont les plus nombreux, suivis des argentés de Champagne, des papillons (géant, rhénan, petit ou anglais) et des Béliers. Chez les pigeons, on trouve une moitié de races dites utilitaires comme les texans, les kings, les cauchois, les voyageurs et une moitié de races d'ornement parmi lesquelles les queue de paons sont les chouchous.

Un phénomène sociologique nouveau joue en faveur du marché de Louhans : c'est le phénomène de rurbanisation ou retour dans les villages d'habitants qui en ont assez de la ville et de ses nuisances. S'il y a un petit peu de terrain autour de la maison, les familles " craquent " sur quelques poules naines, lapins ou oiseaux. Ce phénomène prend une telle ampleur que nous espérons sincèrement qu'il pourra contribuer à sauver de très nombreuses races en voie de disparition. ProNaturA France fera tout pour aider ces nouveaux possesseurs d'animaux. Et leur faire comprendre l'importance de sauvegarder la biodiversité. Les poules naines sont à l'honneur. Particulièrement les nègre-soie en blanches, argentées ou sauvages. Ainsi que les bantam de pékin et les poules à huppe comme les padoues ou les hollandaises. Au hasard des allées, on peut trouver des surprises : ainsi, assise sagement sur une cage à pigeons, une hollandaise huppée (apprivoisée) couleur dorée avec juste un petit peu de blanc au sommet de la huppe. (voir photo). Rappelons que cette couleur n'existe pas encore officiellement dans cette race. Je me suis d'ailleurs toujours demandé pourquoi on ne trouvait pas plus de couleurs chez les hollandaises ? Et pas de hollandaise unie ? En tout cas, celle-ci n'était pas farouche et faisait la joie des enfants.

Que dire encore de l'explosion de l'intérêt pour les lapins nains ? Je n'en ai jamais vu autant. La plupart n'était pas de race. Mais il a parfois de bonnes surprises. La mode est aux béliers nains très prolifiques et aux angoras. On peut aussi admirer beaucoup de chèvres naines, poneys, alpagas et stands d'oiseaux de volières. J'y ai même rencontré un de nos adhérent professionnel particulièrement dynamique qui se bat pour que les animaux puissent encore être présents sur les marchés français : Bernard Oizoo.

Le marché de Louhans est un espace de liberté. Son principal intérêt réside dans le fait que les particuliers qui possèdent des animaux viennent les présenter librement. Et comme cela est de plus en plus rare, une visite vous ravira !

Jean Emmanuel EGLIN.
Pour la Fédération Française des Associations pour une Protection Non Anthropomorphiste de la Nature et des Animaux-ProNaturA France.


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