L'OIE NAINE D'AFRIQUE
Nettapus auritus

C'est une petite merveille de la nature, et ce terme n'est pas trop fort. Le mâle,d'une réelle beauté, semble avoir été maquillé par un artiste peintre rempli de talent.
Je ne peux m'empécher de faire une remarque au sujet de son appellation. Appeler cet anatidé une oie, même suivi de l'adjectif naine, me semble exagéré pour un oiseau aussi petit qui ne pèse qu'en moyenne 260 g. Seule la tête, peut faire penser à une oie, et encore...
Elle n'a pas beaucoup de points communs avec les oies que nous connaissons ; elle vole et se faufile à travers les arbres à une vitesse folle, elle se perche sur les branches pour se reposer, elle niche dans des cavités, tout ce que ne font pas les oies. Au sol, elle se déplace avec difficulté, ses pattes sont courtes. Lorsqu'elle se déplace dans la végétation, même de faible hauteur, sa démarche n'est pas aisée, et sa poitrine semble plus basse que sa queue.
Son seul point commun, c'est sa consommation d'herbe et de verdure, elle en consomme beaucoup, que ce soit sur l'eau ou sur terre.
Dans la dernière édition du " Guide en couleur des Anatidés du Monde " de Peter Scott, on lui donne une nouvelle appellation : Anserelle. Ce mot signifie en latin : petite oie.

Description :
Le mâle possède un bec court, d'un jaune paille vif, la tête arrondie et ramassée est surmontée d'une "calotte" vert foncé presque noire qui se prolonge jusqu'au delà de la nuque. Le front, la face et la gorge sont blancs. Deux taches vertes en forme d'oreillons se trouvent derrière la nuque et sont bordées de noir. La poitrine et les flancs sont marron-roux, le ventre blanc, et la nuque noire. Les couvertures alaires sont vert foncé.
La femelle est à peu près de la même taille que le mâle, et pèse 10 à 20 g de moins que ce dernier. Son bec de couleur corne est taché de petites marques brunes, une bande noire part du front, passe sur la tête et se termine en s'amenuisant sur l'arrière du cou. Ses flancs sont marron ainsi que sa poitrine et sa queue, le ventre est blanc grisâtre. Qn peut donc affirmer qu'il existe un très net dimorphisme sexuel entre mâle et femelle.

Habitat :
C'est une africaine qui se rencontre dans presque tous les pays d'Afrique hormis l'Afrique du nord. On la trouve également à Madagascar. Sir Peter Scott la désigne comme un oiseau en partie migrateur, d'autres auteurs la disent erratique.
Ses effectifs ne nous sont pas connus, mais ils semblent relativement importants. Elle ne subit que faiblement la pression de la chasse. Les Africains en général ne la chassent pas. Seuls quelques chasseurs du reste du monde, venus là dans des chasses organisées essaient de la mettre à leur tableau, mais cet oiseau plus agile et plus rapide qu'une bécasse, est rarement abattue. De plus, lorsqu'elle est sur l'eau, elle se dissimule aisément au milieu des nénuphars. Quelques prélèvements sont effectués par des piègeurs, pour alimenter les parcs zoologiques ainsi que quelques amateurs du monde entier. Ces prélèvements sont véritablement peu importants. Voyageant mal, les importateurs se risquent rarement dans son importation.
Cependant, une menace pèse sur elle, mais à long terme. Cette menace, c'est l'introduction dans certains lacs et cours d'eau, de poissons "Tilapia rendalli" qui mangent la végétation aquatique et finissent par la détruire, au point qu'il ne restera bientôt plus de nourriture disponible pour les espèces autochtones et donc pour l'oie naine, dans les eaux où ce petit poisson a été introduit.

Nourriture :
Elle se nourrit essentiellement dans la végétation aquatique, de graines de nénuphars, de feuilles immergées et des graines des plantes du bord de l'eau. Elle a parfois quelques similitudes avec les cygnes, en recherchant sous la surface de l'eau, les jeunes pousses de plantes naissantes, mais elle ne reste pas à la verticale avec la queue en l'air en fouillant le fond comme le font les cygnes. Larves et insectes aquatiques complètent son menu.
L'aube et le crépuscule sont ses moments préférés pour se nourrir sur l'eau. La journée, bien qu'elle s'alimente de temps en temps, elle se dissimule soit dans la végétation, soit dans les arbres à proximité de l'eau.

Nidification :
Elle niche rarement à plus de 1,5 km d'un point d'eau.
Elle semble avoir le même comportement que le canard Mandarin pour la recherche du nid. Mâle et femelle visitent plusieurs emplacements avant d'arrêter leur choix. C'est un trou dans un arbre, ou dans une termitière abandonnée, mais également un orifice dans une falaise, ou dans le toit de chaume d'une hutte. Elle est capable de s'accrocher à un tronc d'arbre comme le font les Piverts pour en inspecter l'intérieur.
La période de reproduction a lieu pendant la saison des pluies. La femelle pond 6 à 10 oeufs de couleur crème qu'elle couve seule pendant 23 - 24 jours.
A la naissance, les jeunes une fois secs se lancent dans le vide ou ils atterrissent sans dommage. Sous la conduite de leur mère, ils sont dirigés vers le plan d'eau le plus proche, et se mettent presqu'aussitôt à la recherche de petits insectes aquatiques et de leurs larves. Peu de jeunes arriveront à l'âge adulte, poissons carnassiers, et oiseaux de proie, auront raison d'un grand nombre de petits.

Captivité :
D'après Frank S. Todd, il paraîtrait que le premier cas de reproduction de l'oie naine d'Afrique aurait été enregistré en 1975. Depuis, quelques zoo et parcs animaliers ont à leur tour, obtenu quelques cas de reproduction. A notre connaissance, en France, seul le parc de Beauval en possède dans sa serre tropicale, mais n'a jamais obtenu de reproduction. Même le Parc de Clères n'en possède pas. Quelques amateurs en détiennent également, mais sans grand résultat.
Récemment un importateur a bien voulu en importer une cinquantaine pour une poignée d'éleveurs. Si l'importation s'est bien passée, l'acclimatation a connu des hauts et des bas, tout au moins pour certains éleveurs. Ceux qui se trouvent au nord de la Loire ont perdu environ 80% de leur cheptel, les autres, habitant le sud de la France ont eu plus de chance, et les ont gardé dans leur presque totalité à quelques exceptions prêt. Comme on l'a vu précédemment, ces oiseaux voyagent mal et subissent durant le transport un stress important. C'est certainement pour cette raison que peu d'importations sont effectuées.
Mis à part le transport, on ne peut pas dire que ce sont des oiseaux fragiles. Si leur organisme est capable de supporter des températures négatives de moins 7 à moins 80°C., il n'en n'est pas de même pour leurs pattes qui, à ces températures peuvent geler. Il est donc préférable de les installer dans une serre-volière climatisée où sera installée une végétation de type tropical, et dans laquelle sera construit un bassin.
L'idéal est semble t-il de les laisser voler, elles pourront ainsi se percher où elles voudront. Notons qu'en ce qui concerne les cas de reproduction connus à ce jour, tous l'ont été à partir d'oiseaux volants en serre tropicale.
Si vous voulez avoir la possibilité de les observer, il ne faudra pas que la végétation soit trop dense ; craintives, elles resteraient cachées toute la journée, vous ne pourriez les observer que le soir lorsqu'elles approchent de la mangeoire. Malgré tout, si vous ne les effrayez pas et ne cherchez pas à les prendre en mains, elles deviendront vite familières.

Reproduction
Le nid d'environ 40 cm de haut et de 25 cm de diamètre, sera placé en hauteur. Il sera rempli d'un mélange de paille, de foin, et de tourbe dans le fond, l'orifice d'accès sera de 8 à 9 cm.
Epoque de nidification : la majorité des oies naines que l'on trouve sur le marché, sont des oiseaux de capture, donc d'importation. Il vous faudra vous renseigner auprès de votre vendeur pour connaître leur pays d'origine. Celles en provenance du sud de l'équateur auront toutes les chances de pondre en hiver, celles du nord pondront de mai à juillet.
D'après les quelques renseignements que nous avons pu glaner ici ou là auprès d'éleveurs anglais qui commencent maintenant à en obtenir une reproduction presque régulière, il semble que les pontes en captivité se composent de 6 à 9 oeufs.
En volière, la femelle peut se charger de mener à bien l'incubation et l'élevage de sa nichée. Le mâle restera en permanence à ses côtés, et par la suite n'hésitera pas à attaquer tout oiseau bien plus gros que lui pour protéger ses petits.
La nourriture composée essentiellement d'un mélange pour petits exotiques, où le millet, le moa, et l'alpiste sont présents en grande quantité sera nécessaire pour des oiseaux d'importation.
Personnellement, je dispose ce mélange dans une soucoupe de 20 cm de diamètre qui est recouvert de 2 cm d'eau. L'ensemble est régulièrement changé tous les jours. Dans une autre soucoupe, je distribue également ce mélange auquel j'ajoute du granulé entretien et de la semoulette 1er âge ainsi que du blé et du granulé pour canards. Tous les soirs je distribue de la salade hachée très fin sur l'eau du bassin, plus quelques feuilles de cette même salade que je laisse entières. Des lentilles d'eau et du cresson sont également distribués. Quelques vers de farine viennent compléter le menu.
Une fois tous les quinze jours, j'ajoute quelques gouttes de vitamines dans la soucoupe qui reçoit le mélange exotique avec l'eau.

Elevage des jeunes
Dès leur naissance, les petits qui seront laissés avec leurs parents devront trouver la presque totalité de leur nourriture sur l'eau du bassin ou seront présents nénuphars, lentilles d'eau, papyrus, cresson, jacinthe d'eau, etc. Quelques jours avant la naissance, on se mettra à la recherche de minuscules crevettes d'eau douce dans les étangs de la région. Elles pourront être distribuées avec des vers de farine de petite taille dans la soucoupe dans laquelle se trouve de l'eau. On y ajoutera une fois par semaine quelques gouttes de vitamines.
Progressivement on remplacera cette alimentation "aquatique" par de la semoulette pour canetons, et par la suite du granulé canard entretien.
Vers l'âge de 15 jours, les petits seront bagués avec des bagues de 6,5 mm.
A l'âge d'un mois, les jeunes voleront et commenceront à se percher dans la végétation. A partir de ce moment, ils adopteront le même régime que leurs parents.

Au niveau législatif, cet oiseau est libre de transport et de commerce.

J.P. Poisson avec le concours de Vincent Cressac


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