Les pigeons

Le Monde des Tambours
Texte tiré de "Colombiculture"

Nous abordons ce groupe très particulier de nos races de pigeons par le compte-rendu de l'exceptionnelle exposition de Draguignan qui a rassemblé à l'automne dernier la totalité des races de Tambours existantes, et qui plus est présentées par un seul éleveur : Charasse !
Viennent ensuite deux visites d'élevages. En France, d'abord, chez Jack Charasse, puis en Allemagne, pays de prédilection de la plupart de ces races, chez Stomirov. Deux personnages étonnants et intarissabes. C'est dire si nous entrons avec les Tambours dans un monde de passionnés ! Mais aussi dans un univers encore trop confidentiel : les éleveurs restent beaucoup trop rares en France. Et si, en découvrant les qualités et la beauté hors normes de ces pigeons, il vous prenait l'idée d 'élever des Tambours ?

Anthime LEROY

101 Tambours à Draguignan : tous à Charasse !

 
Femelle Altenbourg
bleu barré
tête et vol blanc

Une présentation extraordinaire de tous ces pigeons Tambours existant en Europe et en Afrique du Nord a eu lieu les 16, l7 et 18 Novembre 2001 à Draguignan.
Une particularité : les 101 sujets exposés (individuels et volière) appartenaient tous au même éleveur Jack Charasse !
Et beaucoup n'avaient jamais été vus en France. 89 sujets (tous différents) étaient exposés hors concours. Une volière et six sujets individuels étaient en compétition.
La volière, des Coquille et Visière papillotés noirs, comme sortis ou fabriqués par une photocopieuse, obtient l'Excellent 97. Un papilloté bleu et un jaune (Coquille et Visière) obtiennent 96.
Chaque race avait sur les cages le standard correspondant, ce qui a énormément intéressé les visiteurs. Il y avait aussi de nombreux panneaux avec tous les standards agrandis et en couleur, des dessins grands formats de plusieurs races et un panneau représentant les pigeons tunisiens, dont bon nombre de Tambours.

 
Mâle
Coquille et visière
jaune pois

Voici l'inventaire complet de ce tour de force colombicole réalisé par Jack Charasse. Tout d'abord 21 Coquille et Visière en bleu barré, écaillé blanc, jaune pois barré, rouge cendré écaillé, unis en blanc, noir, jaune, bleu, indigo, papillotés an noir, rouge, jaune, bleu, tous superbes en force et en pantoufles.

Les Simple Visière (15 sujets), un très beau pigeon que l'on ne voit pas chez nous. Là aussi une collection formidable et des pantoufles exceptionnelles. Unis en blanc, bleu et rouge, barré et écaillé an bleu, rouge cendré et jaune cendré, des bleus barrés et écaillés blanc, des jaunes pois et, surtout, des rouges et des jaunes rècessifs moines !

Les Vogtland (6 sujets), pigeons magnifiques, très difficiles à réussir parfaits, en rouge, noir, uni et barré en bleu, argenté et rouge cendré, écaillé en bleu. Le Vogtland à la tête, le vol et les pantoufles blancs, mais à queue colorée.

Les Queue Fourchue (2 sujets), rare et gros pigeon avec ses grandes pantoufles et ses grandes et larges plumes à la queue qui est fendue. En bleu barré et écaillé.

Les Dresde (2 sujets), au manteau immaculé en jaune et rouge.

Les Anglais (5 sujets), pigeon exceptionnel de beauté, le champion des pantoufles. Présenté en jaune, rouge uni, papilloté an noir, rouge et jaune.

Un seul Harzbourg, en jaune. C'est un Dresde sans coquille.

Deux Tambours d'Arabie, en blanc et jaune atlas.

Deux Jridi, joli petit pigeon semblable au Simple Visière, mais sans celle-ci.

Le Schmölln (3 sujets) : assez gros pigeon botté et à queue fendue, présenté en barré bleu, argenté et jaune cendré.

 
Simple visière
bleu barré blanc

Deux Bernbourg, assez gros pigeons moines (tête, vol, queue et pantoufles blancs), an noir et rouge.

Neuf Tambours de Franconie, en bleu et argenté barré, bleu et argenté sans barre, argenté alouette, uni en noir et en blanc, rouge et jaune cendré écaillé.

Trois Boukharie en noir, rouge et jaune uni.

Enfin la grande cavalerie des Altenbourg (14 sujets), celui qui tambourine le plus. Présentés en noir uni, écaillé et barré en bleu, argenté, rouge et jaune cendré, papilloté en bleu, en noir, à tête et vol blancs an bleu, argenté, écaillé en bleu.


Visite d'élevage : Jack Charasse, le "tambourinaire"

par Robert Ripaldi

On est de prime abord décontenancé par des locaux qui paraissent surpeuplés. L'oeil s'y habitue vite et l'on découvre petit à petit la plus complète collection de Tambours qui existe. Ils sont tous là, les plus connus comme les " Allemands à Coquille et Visière ", aux pantoufles impressionnantes et dans toutes les couleurs (y compris le bleu andalou), et les plus rares, le pense aux " Anglais " ou aux " Vogtland " qui, même en Allemagne, ont besoin qu'on se penche à leur chevet. D'ailleurs, le maître des lieux adore jouer avec les couleurs, et cette science l'aide à régénérer des races qui sont à bout de souffle.

 
Vue d'ensemble sur la volière
des Vogtland

Globalement, le groupe des Tambours est certainement le moins demandé de tous. Pourtant, les races sont nombreuses et attrayantes. Peut-être les pattes emplumées qui sont communes à presque tous les Tambours effraient-elles les éleveurs. Ils ont sûrement tort car les pantoufles de ces races sont très solides et supportent parfaitement un élevage normal.

Chez Charasse, le sol est couvert de paille et les volières pleines de coins et de recoins où les Tambours, plutôt calmes, aiment bien se retrouver chez eux. Chez Jack, peu de place, mais chaque couple se plait dans son espace et les oeufs ne sont pas clairs sans toilettage.

 
Jack Charasse avec un
Coquille et visière
rouge cendré écaillé
en papillon

Les " Altenbourgs ", par contre, sont toujours en mouvement. Ces excités, qui occupent les cases du haut, ont même tendance à abandonner tôt leurs jeunes pour refaire une couvée. Quant à leur voix, c'est certainement la plus puissante de la famille Tambour !

Faisons une revue d'effectifs. Les " Coquille et Visière " sont très bien, mois ce n'est pas étonnant car cette race est la plus au point partout.

Les " Anglais " auraient besoin d'un apport nouveau, mais là aussi c'est comme partout. D'ailleurs les juges devraient les encourager, malgré un standard très exigeant, sinon ils disparaîtront. Certes, il est facile d'éliminer un sujet avec un oeil perlé. Mais nous le regretterons. Alors un peu d'encouragement lui fera plus de bien qu'un trait sur la carte.

 
Queue fourchue
bleu écaillé

Les " Boukharie " ne sont pas terribles chez jack, mais j'en ai vu de beaux chez Stomirov (j'en parle plus loin).

Nous en arrivons à une des plus belles réussites de l'élevage : les " Allemands à simple visière ". Ils sont de toute beauté dans des variétés que l'on voit peu chez nous : des bleus barrés blanc, des maillés blanc, des jaunes et rouges rècessifs, des moines. En papillotés, une palette de bleus, de rouges et de jaunes.

Les " simple visière " sont bien sûr plus petits que les " coquille et visière " mais sont très élégants et se reproduisent fort bien.

Passons aux autres races, dont le très étonnant " Tambour Allemand à queue fourchue ", qu'il est le seul à élever en France. Ce pigeon impressionne par sa force et surtout par sa queue très longue et incroyablement séparée en deux. Très spectaculaire, il est malheureusement pas très prolifique et il est difficile d'en obtenir des jeunes.

Il y a les " Tambours d'Arabie " dans la jolie variété " jaune Atlas ", dont le fanon n'est pas plus marqué que dans les autres couleurs.

Des " Bernbourg " majestueux, bien marqués et aux couleurs très pures.
 
De belles
pantoufles
pour le futur

Des " Franconie " bien forts, bien larges, avec une large coquille. Race sans problème et très active.

Des " Dresde " rouges, jaunes avec pas mal de déchets.

Pas de " Harzbourg ", qui est un Dresde sans coquile.

Des " Schmölln " qui lui aussi a la queue fourchue, mais les pattes seulement bottées.

Et les " Jridi ", inconnus en France et originaires d'Afrique du Nord. Il est pattu, à tête lisse, et souvent papilloté.

 
Tambour tchèque
jaune cendré écaillé

On ne peut clore cet inventaire sans parler des " Vogtland ", très rares, dans des variétés qu'il n'arrête pas d'enrichir. Car, vous vous en doutez, pour faire progresser une telle quantité de races, il faut avoir une connaissance parfaite de chacune d'entre elles. Et si un seul éleveur en France les connaît, c'est Jack Charasse, à la fois sérieux et rigolard dans sa barbe fleurie. Connaissant le moindre détail qui caractérise chaque race, il jongle avec les couleurs et il sait comment renforcer telle ou telle qualité de chacune d'elles.

 
Une partie de l'élevage

Les Tambours sont une grande famille, et beaucoup d'entre eux sont cousins. Connaissant les caractères dominants et récessifs de chacun, il améliore et apporte des variétés nouvelles sans passer chez le marchand. Les Allemands, qui le connaissent bien, apprécient son savoir faire et sa compétence. Son plus grand regret est de ne pas voir plus d'éleveurs de Tambours en France.

 
Queue fourchue
bleu barré

Son pigeonnier, situé dans la colline sous des chênes et des mimosas, résonne sans arrêt du chant bien particulier de ses oiseaux. Jack Charasse, nommé le " tambourinaire ", mérite d'être connu et je serai heureux si quelques curieux pouvaient le rencontrer. Ils ne le regretteraient pas.

 
Tambour de Boukharie

Pour presque tous, ces races ne sont pas très connues. Aussi j'ai demandé à Jack de tracer en quelques mots les caractères de chacune d'elles. C'est très utile, et seul un spécialiste peut le faire. Les juges devraient apprendre par coeur ces quelques lignes, cela les aiderait à dépister les meilleurs.




Visite d'élevage : Stomirov, le roi des Boukharie

par Robert Ripaldi

 
 
Un jaune

Ici, c'est le temple des Tambours de Boukharie, le plus ancien de tous les Tambours.

On dit que Stomirov est champion du monde, et c'est vrai que je n'en ai jamais vu d'aussi beaux, et ce dans toutes les variétés. Et encore, nous étions en période de mue !
Chez ce pigeon, tout est en rondeurs : le corps, la rosace, la coquille et les pantoufles. C'est une superposition de ronds. Ceux de Stomirov sortent tous du même moule, et quel moule ! Les rosaces sont loin de tout ce que j'avais vu auparavant. Certaines atteignent 7 centimètres de diamètre.

 
Un bleu écaillé

 
Un bicolore

Toutes les variétés sont présentes, avec tous les champions qui ont triomphé en Allemagne et ailleurs. Les jaunes sont fabuleux et la couleur d'une pureté impressionnante, mais il y a aussi les rouges, les noirs, les bleus, les écaillés, les papillotés et les bicolores. D'un tempérament très calme, les " Stomirov " sont logés dans un local bien protégé du froid (nous sommes en AI I ema gnej. Les cases sont spacieuses, classiques. Une note de fantaisie : des bouquets de lavande jvenant sûrement du Midi de la Francel sensés éloigner les insectes, mais en réalité pour faire joli.

 
Un couple rouge et jaune

L'homme, d'origine yougoslave, est plutôt grand, toujours souriant, connaissant la valeur de ses pigeons et surveillant du coin de l'oeil si on apprécie. Et on ne peut qu'apprécier. Les antispécistes qui considèrent le Tambour de Boukharie comme race torturée devraient venir les voir vivre tout à fait normalement, et ce depuis des centaines d'années. On croit qu'il voit mal : ce n'est pas vrai. La rosace est suffisamment relevée. On croit que ses pantoufles l'empêchent de marcher : c'est faux. Dirigées vers l'extérieur, elles ne le gênent nullement. D'ailleurs, nous sommes bien décidés à dénoncer toutes les bêtises qui seront dites contre nous au fur et à mesure qu'elles seront écrites.


L'essentiel des Tambours, comment les reconnaître
par Jack Charasse


 
Franconie blanc

 
Boukharie

Pour faciliter la connaissance des Tambours, j'ai volontairement préparé des dessins et des commentaires très simples. Chaque race est décrite en quelques mots. Ceci vous permettra, je j'espère, de les différencier les unes des autres. Seuls les caractères essentiels et les défauts rencontrés habituellement dans chacune des races sont mentionnés.

Jridi :
Originaire d'Afrique du Nord. Tête lisse. Ressemble au simple visière, mais sans la visière.
Défaut habituel : début de visière.

L'Arabie :
Petit, tête de tourterelle et... fanon.
Défaut habituel : manque de... fanon.

 
Simple visière
jaune pois

Le Boukharie :
Tout en rondeurs (corps, rosace, pantoufles, coquille).
Bas sur pattes, plumes molles, oeil perlé
Défauts habituels : manque de force, plumes raides.

L'Allemand à coquille et visière :
Fort, grand, superbes pantoufles. Belle coquille oeil de coq.
Défaut habituel : oeil perlé (issu de croisement avec le Boukharie).

Le Dresde :
C'est un Allemand à coquille et visière à manteau blanc. N'existe en rouge et jaune, très rarement en noir.
Défauts habituels : pantoufles fendues et avec des plumes blanches.

Le Horzbourg :
C'est un Dresde sans coquille.

 
Harzbourg jaune

Le Franconie :
Assez gros de la poitrine et de la tête. Belle coquille large. Visière horizontale. Pattes lisses.
Défauts habituels : plumes aux pattes, manque de force.

L'Allemand à simple visière :
Plus petit que le Coquille et Visière.
Pantoufles plus imposantes, arrondies, oeil de coq.
Défaut habituel : pantoufles fendues.

Le Vogtland :
Simple visière. Tête, vol et pantoufles blancs, queue colorée, pointe colorée sous l'oeil.
Défauts habituels : dos blanc, pantoufles colorées.

Le Queue Fourchue :
Grand, gros, queue composée de plumes très larges et très longues, bien tendues en leur milieu.
Défauts habituels : pantoufles fendues, manque d'ampleur dans la queue.

Le Schmölln :
Aussi la queue fendue, mais moins d'ampleur. Botté.
Défauts habituels : queue non fendue, trop de plumes aux pattes.

 
Tambour d'Arabie
jaune Atlas

Le Bernbourg :
Très gros pigeon moine. Tête, vol, queue et pantoufles blanches, manchettes colorées.
Défaut habituel : manque de force.

L'Anglais :
Exceptionnel par sa largeur, ses pantoufles, sa coquille et sa visière très particulières (étroites et pointues). Corps en triangle.
Défauts habituels : trop long, structure insuffisante, oeil perlé.

L'Altenbourg :
Front très haut, poitrine ronde, une voix de Stentor, oeil perlé même chez les blancs.
Défaut habituel : front fuyant.


Les Tipplers

Dans une région d'Angleterre, des éleveurs sélectionnèrent des culbutants pour leur faculté de culbuter plusieurs fois de suite et dans une autre région l'accent fut mis sur la capacité des oiseaux à soutenir un vol prolongé. Le résultat obtenu par ces derniers fut le Tippler de vol issu des environs de Rainow et Macclesfield.

L'origine du mot Tippler est assez douteuse : elle proviendrait du mot tip qui signifie extrémité. Les extrémités des ailes et de la queue des Tipplers sont colorées.

Des Tipplers bien entraînés peuvent voler trés longtemps : les records vont de 14 à 19 heures.

On distingue le Tippler de vol et le Tippler d'exposition, mais nous allons voir que dans la première catégorie, il y a aussi des sujets qu'on expose.

Le recueil des standards publié par la National Pigeon Association, en Angleterre donne les descriptions suivantes :

I. Tippler de vol (Flying Tippler)

Remarque : Bien que cette race n'ait pas vraiment de standard pour la présentation en exposition, elle est bien trop connue dans les Iles Britanniques pour qu'on n'en donne pas la description dans un ouvrage de référence destiné aux juges ou aux éleveurs.

Les renseignements suivants ont été fournis par M. Harold Williamson :

Type vol
A mon sens, il y a deux types de Tipplers de vol, l'un est destiné à voler trés longtemps : de nombreux clubs existent dans tout le pays. Les pigeons sont lâchés à l'aube et doivent voler sans arrêt jusqu'à crépuscule. Les records sont de 18 à 19 heures de vol ininterrompu. Les pigeons sont lâchés en groupes de 3, 5, ou 7 sujets.

Type exposition
Ce pigeon est destiné à être exposé.

Caractéristiques générales : un Tippler doit "tomber la main" : il ne doit pas être long, mais en forme de poire, large aux épaules, s'amincissant jusqu'à la queue qui est de la largeur d'une plume. Il doit avoir un plumage de bonne qualité. Le dos n'est pas creux ni les reins larges , les ailes le couvrent bien. Les os pelviens sont serrés. Le pigeon est bas sur pattes, le bréchet n'est pas profond. Le corps est musclé : les rémiges primaires sont larges et arrondies au bout. Il est préférable qu'elles soient colorées.

On doit rechercher les yeux perlés : à présent, beaucoup de sujets ont les yeux sablés. Le bec doit être court. La téte est ronde, sans partie aplatie. Couleur : les variétés sont nombreuses : bleu barré ou écaillé, dun, noir, argenté. grison clair ou foncé, tigré.

II. Tippler d'exposition (Show Tippler)
Origine : Créé en Grande-Bretagne au XXème siécle à partir du croisement entre le Tippler de vol et le Culbutant Danois Brander.
Tête : crâne rond, pas trop large devant, face moyenne, yeux perlés, tour d'oeil foncé, bec foncé.
Cou : court, large aux épaules, s'amnincissant réguliérement jusqu'à la tête.
Taille et forme : taille moyenne, poitrine et épaules larges, articulation antérieure de l'aile forte, corps en forme de coin, s'amincissant jusqu'à l'extrémité de la queue.
Rémiges primaires : courtes et larges, se recouvrant bien : couleur bien soutenue chez les tigrés clairs ou foncés. Une secondaire non colorée est admise mais pénalisée. Dans toutes les variétés, les rémiges primaires et secondaires doivent être bien colorées à l'extrémité, excepté chez les sujets clairs à barbe où toutes les secondaires sont blanches (10 x 10).
Pattes : courtes, doigts petits, rouge vif, exempts de plumes sous l'articulation tibio-tarsienne.
Condition et aspect général : d'allure vive, port redressé, plumage dur, court, serré, l'ensemble ayant un riche lustre métallique cuivré. La couleur doit être intense, brun chocolat dans toutes les variétés, avec une barre noire à 13 mm de l'extrémité de la queue.
Couleur : brun chocolat intense et profond.
Marques : régulières et aussi distinctes que possible. Les parties colorées sont :
Tigré foncé. Les parties colorées sont : la tête, le cou et le corps, la 1ère rangée de couvertures après les secondaires incluse (barres). Le reste des ailes doit étre aussi regulièrement taché de blanc que possible : la proportion est de deux plumes colorées pour une blanche. Tigré clair : couleur et taches blanches réparties régulièrement sur le corps et les ailes (deux plumes colorées pour une blanche) à l'exception des barres où les plumes doivent être alternativement blanches et colorées.
Unicolore : chocolat intense.
Avec barbe, sujets clairs : le pigeon est tout blanc à l'exception d'une barbe colorée, des rémiges primaires et de la queue qui sont colorées.
Avec barbe, sujets foncés : comme les précédentes à l'exception des rémiges secondaires qui sont colorées.
Echelle des points : Tête : 5
Cou : 2
Taille et forme : 10
Rémiges primaires : 5
Pattes : 3
Condition et aspect général : 8
Couleur : 9
Marques : 8
Total : 50
Remarque : A l'exposition de Doncaster, en décembre 1987, il y avait des Tipplers grisons, tigrés, bleus, indigo et une classe AOC, mâles, femelles, jeunes et adultes. Les variétés AOC et Indigo qui ne figurent pas au standard sont donc acceptées. En fait, il semble que la couleur ait peu d'importance chez le flying Tîppler. Le juge à qui j'ai demandé sur quoi il basait son jugement ne m'a parlé que de la forme et du plumage.
J.FRANCQUEVILLE (traduction d'après le recueil anglais des standards).
Revue Avicole 1990.


Le BOULANT DE VALENCIA TYPE HOLLANDAIS

HISTORIQUE
Le Boulant de Valencia type Hollandais, a été créé de toute pièce par des éleveurs sélectionneurs hollandais pour un besoin de loisirs bien précis. Vers la fin du XIXe siécle, dans les jardins d'agrèments qui entouraient les belles maisons hollandaises, on pouvait apercevoir de jolis pigeonniers sur pilotis. Dans ces pigeonniers étaient élevés en liberté, toutes sortes de races de pigeons.

Certains marins hollandais, vers la fin du XIXe siècle, ont apporté des pigeons de la région de Vaiencia (Est de l'Espagne). Ces pigeons qui étaient des Boulants de Valencia, avaient la particularité d'être des pigeons très dociles. Ils avaient en plus la faculté de ramener à leur pigeonnier les pigeons égarés ou les sujets qui n'étaient pas accouplés. Par conséquent, ces pigeonniers sur pilotis convenaient très bien à ces pigeons de Valencia qui, en plus donnaient un spectacle de séduction en faisant la cour aux femelles par des petits sauts, en décrivant des petits ronds autour de sa future conquête. C'était un vrai conquérant, et il finit par son charme à séduire de nombreux colombiculteurs hollandais.

ORIGINE
Ce n'est que vers 1917 que commence vraiment l'élevage des Boulants de Valencia, ramenés de Valencia (Espagne), mais en petite quantité. Les pigeons, à cette époque, étaient en liberté, et des croisements se firent entre les pigeons de Valencia et les pigeons des autres pigeonniers, à l'insu de leurs propriétaires. C'est ainsi qu'en 1938, quelques pigeons de ces croisements sauvages ont été présentés dans une exposition. Il y eut des contestations sur le type. Cela provoqua un déclic, et une petite poignée d'éleveurs de la région d'Amsterdam décidèrent de créer un type de pigeon propre à leur idée, avec les qualités du Boulant de Valencia.

La guerre civile d'Espagne qui dura du 18 juillet 1936 au 29 mars 1939, avait détruit de nombreux pigeonniers dans la plus grande partie de l'Espagne, et de nombreux éleveurs sélectionneurs espagnols, malheureusement, avaient disparu dans cette cruelle guerre. Ce qui fit que le Boulant de Valencia était extrêmement difficile à trouver dans sa propre région.

En 1939, C.S. 1h. Van Gink, avait traduit un article d'un journal anglais spécialisé dans l'aviculture. Il ressortit que des immigrants espagnols, avant la guerre civile d'Espagne, avaient amené avec eux ces fameux boulants de Valencia. C'est ainsi que dans les pays d'Amérique du Sud, et en particulier en Argentine, ces pigeons étaient très connus, et leur élevage florissant.

Des colombiculteurs hollandais réussirent à contacter en Argentine, en 1939, un colombiculteur argentin du nom de Noël Bargman. Noël Bargman céda six couples pour la somme de 50 à 100 florins, payable en livres anglaises, ce qui pour l'époque était extrêmement cher.

Il n'était pas sûr que tous ces pigeons supportent bien le voyage, car à cette époque il se faisait par bateau. C'est ainsi qu'une personne (je suppose que cela devait être un colombiculteur hollandais), était chargée, pendant le voyage, de donner les soins nécessaires (nourriture, boisson et vaccination, si le besoin se faisait sentir).

Peu de temps après cette importation de Boulants de Valencia d'Argentine, éclate la Seconde Guerre mondiale qui donna un sérieux coup de frein à la colombiculture européenne, et détruisit une grande partie du cheptel colombicole hollandais. Après la Seconde Guerre mondiale, vers 1946, quelques éleveurs hollandais firent l'importation d'une centaine de Boulants de Valencia d'Argentine dans plusieurs coloris, des bleus, des noirs, des rouges et des blancs. Ces sujets furent croisés avec les descendants de la première importation de 1939, et depuis une forte sélection s'est opérée.

Nos amis hollandais ont, à un moment, introduit du Boulant de Norwich, ce qui a donné une plus grosse boule. Mais cela a provoqué chez les sujets à grosse boule, des engorgements, car le Boulant de Valencia a la boule pendante.

Les éleveurs hollandais gardent leurs Boulants de Valencia jalousement, et certains membres du Club français des pigeons de races ibériques, n'ont eu qu'un ou deux sujets après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres à travers la Hollande. Après un sérieux travail de sélection de plusieurs années, en 1989 le Boulant de Valencia type hollandais est un pigeon typiquement hollandais, qui n'a rien à voir avec son ancêtre espagnol ni dans la forme, ni le type. Il a son propre standard.

Les sélectionneurs hollandais ont façonné un autre pigeon. Il a une forme triangulaire vu de face, de côté et du dessus. Le dessous du pigeon doit faire une ligne horizontale du départ de la boule jusqu'à la queue. Un point important c'est la tête qui est ronde et large. Sa boule qui commence en dessous du bec, tombe pendante en forme triangulaire, souple et peu développée.

C'est un pigeon de création hollandaise sur les bases d'une des plus anciennes races espagnoles. Les éleveurs hollandais ont su transmettre le caractère et les qualités de séduction des pigeons de races espagnols, tout en façonnant un pigeon à leur goût.

Si dans de nombreux pays d'Amérique du Sud comme l'Argentine, le Chili, le Pérou, nous trouvons des Boulants de Valencia, ils n'ont rien de ressemblant avec ceux du type hollandais. Ils ont une petite boule et n'ont pas la même morphologie. Mais ils ont servi à la création de ce joli Boulant.

En 1989, de nombreux colombiculteurs allemands s'intéressent à cette jolie race de pigeons. En France, nous avons quelques membres du Club ibérique qui en possèdent quelques couples. Je pense que dans un proche avenir, nous aurons le plaisir de le voir dans nos expositions.

Charles QUIROS.
Revue Avicole 1990.

LE PIGEON D'UTILITÉ MULHOUSIEN

Déjà au milieu du XVI° siècle, on trouvait dans les fermes alsaciennes, en particulier le sud (Sundgau), un pigeon d'un poids moyen, rustique et bien adapté aux sorties champêtres. Nous pouvons considérer ces pensionnaires qui animaient agréablement les journées de durs labeurs du fermier, comme les ancêtres de la race, améliorée par l'introduction du pigeon voyageur. Nous devons la naissance de ce pigeon très prolifique à la création, dans l'année 1893, de la Société Ornithologique de Mulhouse. Son fondateur, le président Auguste Meyer - Brath qui, avec le croisement des meilleures races de rapport, a obtenu la seule race Haut-Rhinoise qui existe à ce jour. Au début du siècle, le Mulhousien se propage en Alsace-Lorraine. Même l'Allemagne porte le plus grand intérêt à son élevage. Amélioré par l'introduction du Lynx de Pologne, du Strasser, de l'Alouette de Cobourg et du pigeon voyageur le standard a pu être établi en 1907.
Auguste Meyer-Brath nous a quittés en 1912. Un compte-rendu détaillé a été écrit dans un article du livret "Nos pigeons de rapport. Edition Hachmeister Leipzig" paru dans les années 1913-1914.
La grande guerre de 1914-1918 a non seulement interrompu l'élevage, mais, également anéanti le résultat d'un travail laborieux d'éleveur. Monsieur Arthur Hueber, président d'honneur de la Société Ornithologique de Mulhouse, a décidé de reprendre, non sans difficulté, l'oeuvre commencée.
Un résultat positif a été obtenu par le juge Max Gebhart de Mulhouse, aidé par Edouard Frantz, Charles Buhat, Bruno Russel et Alphonse Wittner. Suite à la parution du nouveau standard, nous retrouvons à l'exposition de la Fédération, en 1921 à Mulhouse, des Mulhousiens en noir, bleu et blanc. On souhaitait surtout justifier le titre de "pigeon d'utilité Mulhousien" avec une production de 7 à 8 couples de jeunes annuellement, dont le poids varie entre 400 et 450 g prêts à cuire et dignes d'un repas de festivité.
Toutefois, d'après le "Le Petit Fermier", revue d'Alsace-Lorraine des années 1930, on s'efforce de valoriser la couleur, le dessin et la qualité de la plume. Le standard de 1937 est formel dans sa composition forme, couleur et dessin. Les textes étaient illustrés par des aquarelles du peintre A. Hoffmann de Mulhouse qui, avec une fidélité précise, a peint presque toutes les races de pigeons de l'époque. Après le conflit de 1939-45, on retrouve encore quelques Mulhousiens sur les expositions et ils restent, par la suite, pratiquement absents à nos expositions. Le "Petit Fermier" écrit en 1951 "Où sont restés nos pigeons d'utilité Mulhousiens ? Pratique-t-on encore son élevage ? existe-t-il encore des couples de reproduction ?".
Dans l'année 1948, j'ai acheté dans le Sundgau, le long de la frontière suisse, des pigeons de ferme bleu écaillé, tout en ignorant, à l'époque, que c'étaient des Mulhousiens. Devenu, en 1958, membre du mouvement avicole et juge dans la section pigeon en 1966, on m'a confié la présidence du Pigeon-Club du Haut-Rhin en 1968.
On me parlait beaucoup du pigeon d'utilité Mulhousien. Le secrétaire du Club, Gérard Wittner m'avait donné un petit livre "Les Pigeons de rapport" reçu de son oncle Alphonse Wittner (1878--1968). Plus tard, en 1973, j'ai fait l'acquisition de nombreux livres, articles et revues qui m'ont permis de connaître davantage nos protégés.
Dans le cadre de nos expositions, je rencontrais toujours un ancien éleveur, très sympathique, Prosper Litzler qui, par hasard, m'a avoué élever depuis plus de 40 ans des Mulhousiens issus de l'élevage de Max Gebhart. A mon grand étonnement, je retrouvais dans sa petite maison à Spechbach le Bas, plus de 40 sujets en couleur noire avec d'excellentes formes et un bon lustre. C'était une vraie petite ferme avec plus de 300 animaux : lapins, pigeons, volailles et même des chèvres. Ceci m'a donné le courage de reprendre l'élevage d'un pigeon bien de chez nous et de le travailler dans la direction conforme au standard.
Lors de l'exposition du Pigeon-Club du Haut-Rhin, en 1975, à Mulhouse, il y avait 30 Mulhousiens du père Litzler en noir et de mon élevage en noir, argenté, meunier et rouge écaillé. Après une conversation avec des éleveurs allemands très intéressés, je me suis laissé convaincre et ils m'ont acheté tous les pigeons de couleur rouge et argenté.
Dans la même année (1975), je présentais le standard à la Société Nationale de Colombiculture dans une version réactualisée qui a été homologuée sans beaucoup d'objection.
Le père Litzler est, pour nous, un exemple ; il nous a quittés dans l'année 1990, à l'âge de 86 ans, dans sa petite maison, entouré de ses protégés. Maman Litzler nourrit encore actuellement, avec ses 89 printemps, ses volailles, lapins et environ 60 pigeons, dont la moitié sont des Mulhousiens noirs.
Dans les dernières années, on a retrouvé des Mulhousiens Prix d'Honneur aux expositions suivantes : salon de Paris, internationale de Metz, Strasbourg, Colmar, Belfort, Pigeon-Club du Haut-Rhin et Haguenau.
Avec la Poule d'Alsace et le Huppé de Soultz, le Mulhousien peut également faire le bonheur des éleveurs, d'autant qu'avec sa rusticité, sa vivacité et son attachement, son avenir est assuré.
QUELQUES CONSEILS :
Pour la régénération du Mulhousien, on peut introduire le Voyageur de demi-fond, du fait que les sélectionnés pour les longues distances deviennent de plus en plus petits.
Pour les noirs, je voyais souvent, en tant que juge, des petits Mondains bien lustrés. Les Lynx de Pologne noirs, assez répandus, donnent de bons résultats.
Chez les bleus, de petits Strasser, Mondain avec Voyageur et Alouette de Cobourg, peuvent être utilisés.
Chez les rouges, on a le choix entre le Carneau et le petit Mondain. On trouve aussi chez les éleveurs des Strassers unicolores.
J'ai obtenu de très bons résultats chez les argentés avec les Alouettes de Cobourg barrées ou écaillées. De préférence, choisir des reproducteurs courts et avec peu d'ocre sur la poitrine.
On trouve encore actuellement, dans les fermes, du bon pigeon bien en chair et plein de vigueur qui peuvent nous rendre service à exclure le pigeon de clocher et des villes, porteur de maladies.
Célestin Grunenberger
(Revue Avicole 1996)


Page d'accueil