Page  mise à jour le 24 février, 2010
 

DE LA RURAUXPHOBIE EN GENERAL

ET DU CHANT DU COQ EN PARTICULIER

La société du début du 21ème siècle est-elle incohérente ?
On est légitimement en droit de se poser la question.

De nombreux médias et hommes politiques se répandent en grand discours sur la nécessité de protéger « les minorités visibles », leurs cultures, leurs traditions, leurs modes de vie. Lorsqu’on appartient à une majorité, on se doit de respecter les minorités, chercher à les comprendre, être tolérant. Les insultes, les actes contraires à ce principe se doivent d’être sanctionnés.

Or, force est de constater que cette morale est à géométrie variable.
Pourquoi ce qui est valable pour la protection des minorités ne serait-il pas valables pour la minorité que représentent les ruraux ?
Ceux-ci subissent de nombreuses discriminations.

De grands médias du microcosme bobo parisien et certaines associations de protection à buts véganiens n’hésitent pas à les présenter comme des attardés, des arriérés, des culs-terreux, qui ne comprennent pas grand-chose à la protection de la nature et des animaux.

Que sont ces images négatives et a priori sinon des insultes ?
En outre, de plus en plus fréquemment, sont prises de nouvelles réglementations, qui viennent remettre en cause leurs modes de vie. Cet article ne suffirait pas à les décrire toutes.

Particulièrement nombreuses sont les nouvelles réglementations visant à contrarier ou entraver la passion qu’ont les ruraux pour les animaux, qu’ils expriment notamment par l’élevage familial de loisir d’animaux domestiques ou en cours de domestication.

On est dans la rurauxphobie ordinaire et bien peu d’hommes politiques s’en émeuvent.

Parmi tous les actes rurauxphobes il en est un peut-être plus symbolique que les autres : la plainte contre le chant du coq.
En effet, il ne se passe pas un mois sans que nos tribunaux n’enregistrent des plaintes contre un voisin dont le coq chante trop tôt ou contre une mairie dont les cloches de l’église dérangent un néo-rural décidé à imposer sa façon de concevoir la vie à la campagne.

Or, avec le retour de près de 10% d’habitants des villes à la campagne, ce phénomène tend à prendre une ampleur sans précédent, comme le démontre Charles QUIROS, ancien journaliste à France 3 et médiateur de la SCAF, qui vient de consacrer un livre à toutes les affaires qu’il a traitées.

Ce livre intitulé « Conflits et problèmes liés aux animaux, plantations et activités diverses » est paru aux éditions « Autoéditions ».

Il est à mettre entre toutes les mains: des élus, des journalistes, des étudiants en droits, des avocats et des juges, des passionnés d’animaux……

Même si la plupart des néo ruraux sont des personnes tout à fait sympathiques qui viennent à la campagne pour pouvoir bénéficier d’une vie plus naturelle et de légumes et animaux issus de leur lopin de terre, il y a aussi des mauvais coucheurs, qui malheureusement viennent engorger les tribunaux de leurs plaintes exagérées et pourrir la vie des villageois.
Ce mauvais scénario est souvent le même : des ruraux ont depuis des années un élevage familial de loisir. Puis des lotissements ou de nouvelles maisons se construisent. Et là souvent  des problèmes commencent avec une seule famille ou une seule personne.

Révélateur est cet exemple de cette famille qui a déposé moultes plaintes contre une oie qui cancanait trop à son gré, un âne qui continue à braire, les chiens situés deux rues plus loin et la basse-cour du voisin d’à côté, alors que cette famille de mécaniciens disposait d’une voiture de rallye particulièrement bruyante…..

De plus en plus de ruraux se comportent comme des néocoloniaux.
« Ils ne pensent pas toujours que c’est aux gens de la ville à s’adapter à la campagne et aux bruits et odeurs qui la caractérisent » note Charles QUIROS.

Et après tout pourquoi le feraient-ils puisque la réglementation, très floue et susceptible d’interprétations divergentes, leur donne moultes possibilités d’embêter leurs voisins ?
Ceci est un problème de fond que la fédération ProNaturA France a soulevé maintes fois à propos, notamment des nouvelles réglementations concernant la protection des animaux. Une réglementation ne devait pas être prise si elle est rédigée en des termes flous susceptibles d’interprétations jurisprudentielles divergentes et contradictoires.

Cela est synonyme d’insécurité juridique et contraire aux principes généraux du droit et à notre droit constitutionnel.
Car immanquablement, une insécurité juridique entraîne le dépôt de centaines de plaintes exagérées qui viennent engorgées inutilement les tribunaux. Toute procédure judiciaire est traumatisante et laisse des traces.

Pourtant, une solution de bons sens pourrait consister à ajouter un alinéa au décret 2006-1099 relatif à la lutte contre les bruits du voisinage en indiquant dans la liste des exceptions : « à l’exception, dans les zones rurales et pavillonnaires, de tous les bruits de la campagne et des élevages familiaux de loisirs ».

En attendant que des élus, soucieux du respect des minorités, veuillent bien se pencher sur le problème et légiférer, le livre de Charles QUIROS vous sera particulièrement précieux. Vous pourrez y retrouver vos droits et devoirs, ainsi que les textes législatifs et réglementaires concernant les élevages de loisir. Vous pourrez lire de nombreux conseils pour vous défendre, quelle attitude avoir, les erreurs à éviter.

Certes, les demandes des plaignants qui exigent que vous « tuiez dans les 5 jours sous peine d’astreinte de X centaines d’euros, vos animaux » sont très traumatisantes, mais ne doivent pas la plupart du temps vous impressionner.

Toutes mes affaires traitées par M. QUIROS ont été gagnées et la phrase qui revient le plus souvent dans les jugements  est « Le chant du coq ne participe pas, à la campagne, d’un trouble anormal ».

Certes, les personnes qui ne connaissent pas M. QUIROS et la Société Centrale d’Aviculture de France ont moins de chance.

En conclusion, je souhaiterais par ma voix exprimer à Charles Quiros toute la gratitude des milliers de membres de ProNaturA France.

Il est des hommes trop rares, qui en plus de leur passion pour les animaux -Charles est également président du Club Français des éleveurs de pigeons de races ibériques et vice président de la Société Nationale de Colombiculture- trouvent encore le temps et le courage de défendre leurs semblables. A ceux là doivent aller toute notre admiration et nos remerciements.

J.E. EGLIN