C'est un sédentaire qui vit dans les forêts
de conifères des montagnes. Il préfère les pentes ensoleillées ou poussent bruyères et arbustes
de toutes sortes sous lesquels il viendra le moment venu, se nourrir de leurs baies.
L'hiver, lorsqu'en altitude les sommets sont trop enneigés et que les conditions atmosphériques lui
deviennent trop difficiles, il descend, se rapprochant du niveau de la mer ou il saura trouver eau
et nourriture.
Si à cette époque de l'année, les coqs sont solitaires, les femelles se regroupent
en petites bandes de 3 à 7 individus.
Le Tétras urogallus passe la majeure partie de la journée au sol à fouiller les broussailles et
l'humus à la recherche de son alimentation. La nuit, il la passe sur une branche pour dormir.
Alimentation :
Sa nourriture se compose essentiellement de bourgeons de conifères et autres essences, de
feuilles vertes, de baies, de graines, de vers, de limaces, d'insectes et de larves.
Il absorbe du sable et du gravier qui lui facilite sa digestion.
Comportement :
Deux mâles ne peuvent cohabiter sur le même territoire, sauf pendant
la période des amours ce qui peut paraître paradoxal.
Dès les premiers beaux jours, en mars ou en avril, les coqs font
entendre leur chant, les femelles les rejoignent alors pour assister aux joutes nuptiales.
Avant le lever du soleil, les mâles commencent à chanter, perchés dans les arbres ou ils ont passé
la nuit. Ensuite avec les premiers rayons de soleil qui filtrent à travers les branches,
ils descendent sur le sol ou la parade commence. A cette époque de l'année qui dure 3 ou 4 semaines,
ils sont plus faciles d'approche, tout à leur parade, ils sont moins méfiants.
Reproduction :
Les femelles après avoir copulé avec plusieurs mâles construisent un nid en grattant le sol de
leur pattes et de leur bec au pied d'un arbre, sous un buisson, ou tout simplement sous des fougères.
Il sera ensuite tapissé d'herbes sèches et de fines brindilles. Grâce à leur homocromie, elles passent
inaperçues et protègent parfaitement leur ponte qui se compose de 6 à 8 oeufs, parfois 10.
Les oeufs, lisses et brillants sont marron finement tachetés de points noirs, leur masse varie de
45 à 55 grammes. Ils sont pondus à intervalles de 48 heures.
L'incubation est d'environ 25 - 26 jours.
Les petits ressemblent à de jeunes faisandeaux, le bec est totalement noir, et les tarses sont couverts
de duvet. Leurs couleurs dominantes :
le beige et le brun. Leur masse : 35 à 40 g. Dès qu'il sont secs, ils suivent leur mère, et s'en
vont à la recherche de nourriture. Ils ne sont pas nourris, ils prennent seuls leur alimentation.
Ils resteront ainsi sous la surveillance de leur mère jusqu'à l'automne.
Les effectifs :
Selon certaines sources, au niveau national ses effectifs seraient estimés à 5 000 individus répartis
dans les différents massifs montagneux français. Les Pyrénées en hébergeraient à eux seuls près de 4 000.
Le reste serait réparti dans des proportions inégales entre les Alpes, les Vosges et le Jura.
En 1991 le biologiste Emmanuel Menons a présenté une thèse sur laquelle il travaillait depuis 1984.
Ses travaux très poussés sur la vie de cet oiseau, ses causes de mortalité, le suivi de ses déplacements,
ses choix dans la recherche de son environnement, sont des données précieuses pour les scientifiques.
Elevage :
La première fois que je l'ai vu en captivité, c'était chez Monsieur Pommier à Poivendre de Marigny près
de Cognac, il y a de ça près de 20 ans. J'ai pu constater que les deux mâles et les trois femelles
que détenait cet éleveur, étaient d'un calme olympien. Pas farouches et non agressifs, les mâles
s'approchaient du grillage des volières, venant à notre rencontre comme pour mieux nous observer.
Les femelles restaient cependant à quelques mètres de là, plus méfiantes, ou tout simplement plus
réservées.
Les volières avaient approximativement 20 m2 de surface. Les oiseaux n'étaient pas en contact avec
le sol, ils étaient donc élevés hors sol. Pour cela Monsieur Pommier avait placé un grillage à
mailles soudées sur toute la surface, à environ 20 cm au dessus de la terre, de cette manière ses
oiseaux n'étaient pas en contact avec les déjections et autres parasites et impuretés pouvant
occasionner des contaminations.
Mais en plus sous les volières de l'herbe avait été semée ce
qui permettait aux tétras de la consommer au travers des mailles du grillage sans l'abîmer.
Au fond de la volière un abri d'environ 4 m2 avec un perchoir leur permettait de se protéger des
intempéries et du soleil.
Le Tétras aime le soleil mais il n'apprécie pas beaucoup l'obligation
qui lui est faite de rester éternellement sous les rayons solaires, il doit pouvoir s'en protéger quand
bon lui semble.
Eau et nourriture étant à leur disposition dans cet abri avec en plus, une augette remplie de
sable et de gravier.
Les 5 Tétras étaient hébergés dans 3 volières contiguës, celles des extrémités recevaient les mâles,
celle du milieu était destinée aux femelles qui pouvaient s'y réfugier en passant par un petit sas
ou ne pouvait passer les mâles. Toujours par ce sas, elles pouvaient si elles le désiraient rejoindre
le mâle de leur choix.
Certains auteurs décrivent le Grand Tétras comme un oiseau agressif, les renseignements que nous avons pu glaner ici ou là démontrent le contraire. Certains mâles donnent parfois l'impression de vouloir s'attaquer à leur soigneur, ce n'est que simulation, rarement un éleveur a pu dire qu'il avait véritablement été agressé par un Grand Coq de Bruyère.
La volière : la solution que nous avons pu voir chez Monsieur Pommier nous semble très intéressante, vue la fougue de certains mâles au moment de la parade, il nous semble obligatoire de protéger la ou les femelles dans certains cas. Et dans ce cas précis, ce n'est pas l'éleveur qui protège la femelle, mais c'est cette dernière qui passe dans la volière d'à coté quand elle en éprouve le besoin ou quand elle y est obligée. A la lecture de ces quelques lignes, il ne faut pas en déduire que tous les coqs peuvent agresser ou tuer leur (s) femelle (s). Ces faits sont rarissimes.
Comme dans la nature, la parade débute avec le printemps, elle est spectaculaire mais guère bruyante.
Un mâle peut s'occuper de trois ou quatre femelles, mais il semble qu'un plus grand nombre d'oeufs
fécondés soient observés quand une seule femelle occupe l'espace du mâle.
La ponte débute vers la
fin avril ou le début du mois de mai. La femelle pondra dans une dépression du sol ou dans une grande
auge emplie de terre dans les volières hors sol.
Si dans la nature un oeuf est pondu tous les deux jours, en captivité ils sont plus souvent
pondus tous les jours, mais certaines femelles pondent également un oeuf tous les deux jours
respectant ainsi leurs lois ancestrales.
De plus en plus, elles pondent en première année, alors qu'à l'état sauvage leur maturité sexuelle
est de 2 ans, les mâles sont également féconds en première année.
Il arrive que certaines femelles ne veuillent jamais pondre en captivité, si en troisième
année une femelle n'avait pas pondu, il vaut mieux ne plus compter sur sa progéniture.
La durée de l'incubation est la même que celle relevée à l'état sauvage :
25-26 jours.
L'idéal est semble t-il l'incubation artificielle qui semble donner de bons résultats. La température
dans l'incubateur sera réglée sur 37,5°C et l'hygrométrie avoisinera 50%.
A leur naissance les petits seront installés en éleveuse artificielle et recevront de la semoulette
pour faisans et dindonneaux, des vers de farine de petite taille compléteront le menu.
L'incubation peut également être confiée à une poule naine, qui se chargera ensuite de l'élevage
des jeunes.
Agés de 10 jours les poussins volettent et peuvent se percher sur des perchoirs à un mètre du sol.
A 15 jours ils peuvent se percher au sommet de la voliere.
Leur plumage juvénile ressemble à celui de leur mère, les jeunes mâles se différencient des femelles
par leur bec plus foncé et leur barbe qui commence à pousser.